Quand on a des factures à payer à la fin du mois, on ne pense qu'à l'ici et maintenant. Mais faisons une pause pour regarder un peu plus loin.
Une princesse ou la fille d'un milliardaire apprécieraient-elles la vie dans un
palace de la même manière qu'une fille qui a grandi dans les bidonvilles puis
est devenue l'épouse d'un président ou d'un milliardaire ? L'une ou l'autre
peut tenir cette vie pour acquise. Idem pour nous. Nous aurions probablement
pris la vie au paradis pour acquise. Nous aurions probablement pensé que nous valons
plus que cela. Satan a dit à Adam et Eve : « Votre Seigneur vous a interdit cet
arbre seulement de peur que vous ne deveniez des anges ou deveniez des
immortels. » (7.20) Adam et Eve ont écouté Satan et ont mangé de l'arbre parce
qu'ils ont soudainement aspiré à quelque chose qu'ils considéraient comme plus
précieux que le paradis dans lequel ils se trouvaient. Mais Allah a voulu qu'il
n'y ait rien de plus beau que le paradis, car c'est « un présent de bienvenue
de leur Seigneur ». (3.198) Si vous êtes un hôte et que vous recevez des
invités que vous aimez, vous les recevrez au meilleur endroit possible et leur
ferez le meilleur accueil possible. Allah ne va pas payer pour le paradis. « A
Allah appartient la souveraineté des cieux et de la terre. Il crée ce qu'Il
veut. » (42.49) « Il est le Créateur infiniment sage. » (5.86) « Il est
l'Omniscient, le Puissant. » (30.54) Un Dieu comme celui-ci ne serait pas
économe envers les fidèles. L'éternité seule n'a pas de prix. Allah nous a fait
vivre dans ce monde d’ici-bas afin d'avoir autant de beaux souvenirs que
possible à chérir au paradis. Nos souvenirs là-bas sont nos bonnes actions ici.
Tout cela est un don d'Allah. Alors Allah veut que nous connaissions Son
mérite, que nous Le valorisions, que nous appréciions Sa générosité et Sa
bonté. Si Allah nous fait souffrir dans cette vie du monde c'est pour que nous
voyions la différence entre ici et là-bas, entre le bonheur que nous voulons
atteindre par nous-mêmes (qui a une fin, de toute façon) et le bonheur qu'Allah
veut que nous ressentions pour toujours au paradis. En d'autres termes, Allah
veut que nous le remerciions d'avance pour ce don inespéré. Il veut que nous le
remerciions ici - malgré toutes les dépravations - car seuls nos remerciements
ici comptent. Et pourtant, les gens qui ont passé leur vie à adorer Allah dans
ce monde Lui rendront aussi grâce dans l'au-delà. Ils diront : « Louange à
Allah qui nous a tenu Sa promesse et nous a fait hériter la terre, séjournant
dans le Jardin où nous voulons ! Tellement abondante est la récompense de ceux
qui ont œuvré (pour le paradis). » (39. 74)
Maintenant, est-ce qu'Allah mérite ou est-ce qu’Il a besoin d’être remercié
d'avance ? C'est là que les gens diffèrent : certains disent oui (Il mérite,
c’est pas une question de besoin), d'autres s'en fichent d'une manière ou d'une
autre. C'est là que j'ai le choix : je choisis entre croire et ne pas croire.
Quand je crois, je me rends compte qu'en fait je n'ai pas d'autre choix. Parce
que plus je crois, plus je sens que je dois tout au Tout-Puissant. C'est, en
quelque sorte, comme choisir entre fumer et ne pas fumer. Personne ne va
m'interdire de fumer, mais si je fume, j’en connais les conséquences. C'est
pourquoi Allah dit : « Celui qui fait le bien est pour son âme, et celui qui
fait le mal est contre elle. Ton Seigneur, cependant, n'est point injuste
envers les serviteurs. » (41.46) Si je rends grâce à Allah, je le fais d'abord
pour sauver mon âme, et ensuite je ne fais que mon devoir. J'exprime ma
gratitude à mon Seigneur pour m'avoir donné une chance de vivre dans ce monde «
imparfait » et par là une chance d’œuvrer pour une place au paradis, où je peux
voir (ou avoir) toutes les choses parfaites que je ne peux pas voir (ou avoir)
dans ce monde. Le Prophète (pssl) a dit : « Allah, le Très-Haut, a dit :
"J'ai préparé pour mes serviteurs vertueux ce qu'aucun œil n'a vu, aucune
oreille n'a entendu, et l'esprit d'aucun homme n'a conçu. " Si vous le
souhaitez, récitez (le Coran) : "Nul ne sait ce qui lui est caché comme
joie en récompense de ce qu'il faisait." » (32.17)
Dans une émission de radio, on a demandé à un vieux monsieur : « Vous
souvenez-vous de la famine de 1981 ? » Il a dit : « Oh, ce n'est rien comparé à
la famine de 1945, quand une femme emmenait son bébé loin de chez elle et le
laissait à côté de la maison de quelqu'un d'autre ou sur le bord de la route,
puis elle regardait en arrière avec tristesse et s'arrêtait pendant un moment
avant de reprendre le chemin du retour. » « Cela doit être douloureux », dit l'intervieweur.
« Croyez-vous que ces femmes étaient assez cruelles pour abandonner leurs bébés
de cette façon? » « Mais c'est la famine, mon ami », dit le vieux. « La faim
rend aveugle. »
C'est l'aveuglement de l'esprit. Qu'en est-il de l'aveuglement du cœur ? Quand
j'écoute des émissions de radio, pas seulement de mon pays, j'écoute aussi des
radios internationales, j'ai parfois l'impression que le monde est plein de
misère. J'ai entendu beaucoup de gens parler à la radio pour se plaindre de
divers problèmes. Même les célébrités se plaignent de leur chagrin d'amour, de
leurs expériences horribles avec leurs partenaires, leurs parents, leurs
enfants... Certains passent en direct à la télé pour parler de ces choses-là.
En même temps, de jour comme de nuit, j'entends à la radio beaucoup de rires,
beaucoup de musique joyeuse, beaucoup de sport, beaucoup de gastronomie,
beaucoup de choses qui me donnent l'impression qu'il n’y a personne qui soit
malheureux dans le monde entier ! J'ai entendu beaucoup de gens utiliser les
expressions « Dieu merci », « Thank God », « Alhamdoulillah »
pour exprimer leur gratitude à Dieu. Mais j'ai aussi entendu beaucoup de gens
se plaindre de Dieu, ou plutôt du Destin. Une question que ces gens poseraient
: « Comment se fait-il que Dieu, ce Créateur Tout-Puissant Qui sait tout, qui
est puissant, miséricordieux, comment se fait-il qu'il connaisse ma situation
pitoyable, qu'il sache tout de mes souffrances, et pourtant il ne fait rien
pour changer ma situation ? » C'est une question difficile. Mais je parie qu'un
bon croyant dirait : « Oui, « Il est l'Omniscient, le Puissant. » (30.54) « Il
est Capable de tout. » (67.1), mais j'ai commis des péchés, et mon « Seigneur
n'est pas du tout un tyran pour Ses serviteurs. » (41.46) et « Il n'y a rien
qui puisse changer Ses paroles. Il est l'Audient, l'Omniscient. » (6.115) Et
même si mes péchés étaient tous pardonnables, je pourrais encore avoir des
doutes sur ma foi. Alors il se peut qu’Allah veuille tester ma foi en me
privant des choses que j'aime, afin qu’Il « connaisse celui qui croit en
l'au-delà de celui qui en doute. » (34.21) Même le yaqine (croyance
absolue) peut varier d'une personne à l'autre, d'une situation à l'autre.
Certaines personnes peuvent avoir besoin de passer par des expériences
personnelles, une sorte de connaissance du cœur, afin de renforcer leur foi.
Allah ne me priverait de rien à moins qu'Il n'ait quelque chose de bon en
réserve pour moi. Mais même ce très bon croyant qui dirait de si bonnes choses
ne peut pas penser de cette manière sans avoir vécu une sorte d'expérience
personnelle. Ce sont de telles expériences qui amèneraient un croyant à se
comporter envers Allah différemment. De telles expériences me feraient dire :
Oui, je sais, en tant que croyant, qu'Allah est « l'Omniscient, le Puissant »
(30.54) et « est Miséricordieux, Aimant » (11.90) , mais Allah est aussi «
Puissant » , « Capable de Réparer (le mal) » (14.47) ; et j'ai péché, quels que
soient mes péchés. Ainsi, lorsque j'ai un problème, je « fait appel à Lui avec
peur et espoir ». (7.56) J’invoque Allah « par amour et par crainte ». (21.90)
J'invoque Allah avec crainte car je sais qu'Il peut me punir pour mes péchés.
Je L'invoque avec espérance car je sais qu'il « est Miséricordieux, Aimant »
(11.90) et « Il est capable de tout ». (67.1) Ce n'est pas parce qu'Allah dit «
Notre parole à une chose, quand Nous l'avons voulue, est seulement que Nous lui
disons : Sois ! et elle est. » (16.40) que je devrais m'attendre à ce qu'Il
exauce immédiatement à ma prière. Ce à quoi je dois m'attendre, c'est qu'Allah
puisse - quand Il le veut - exaucer ma prière. C'est ce qui m’importe. Quand je
suis dans une situation difficile, certaines personnes de bon cœur seraient
prêtes à m'aider, mais elles ne le peuvent pas. Que pourriez-vous faire lorsque
vous voyez un enfant brûler derrière les fenêtres fermées d'un appartement dans
une tour en feu ? Que pourriez-vous faire lorsque vous voyez des gens emportés
dans leur voiture par une crue éclair ? Il me suffit en tant que croyant qu'Allah
puisse m'aider quand Il le veut. Pour ma part, je dois essayer du mieux que je
peux d'éviter tout ce qui irriterait Allah et le ferait me punir en premier
lieu. Je devrais faire le plus de bien possible - si je le peux - puis espérer
le meilleur. Personne ne dira à Allah quoi faire. Si j'ai des questions, Allah
aussi aurait des questions à me poser : M'as-tu remercié pour le travail que je
t'ai aidé à trouver…. ou as-tu plutôt répondu par pécher ? Aimerais-tu que les
autres soient ingrats envers toi ? Alors, à qui devrais-tu en vouloir pour
cette dette que tu ne peux pas rembourser maintenant que tu es sans emploi ? Ce
n'est pas Allah qui va me dire ceci. Si je suis un bon croyant, c'est ma nafs
lawama (l'âme accusatrice) (75.2)) qui va me faire subir une telle
remise en question. Cela signifie que si j'ai mal agi, je dois en assumer la
responsabilité. Je dois réparer les dégâts. Je dois au moins avoir un peu de
décence envers mon Seigneur, Qui dit : « Allah ne change pas la condition d'un
peuple tant qu'il n'a pas (d'abord) changé ce qui est dans son cœur. » (13.11)
En d'autres termes, je ne dois pas attendre d'Allah qu'II me donne quelque
chose pour laquelle je n'ai rien fait de bien en retour. Allah dit : « Pour
apprivoiser Qoreych. Pour leur apprivoisement (Nous faisons partir) les
caravanes en hiver et en été. Qu'ils adorent donc le Seigneur de cette Maison,
Qui les a nourris contre la faim et les a mis à l'abri de la peur. » (106) Ce
pour quoi je devrais prier, d'abord et avant tout, c'est la hidaya (montrer
le chemin). « Montre-nous le droit chemin, Le chemin de ceux que tu as
favorisés. » (1.6-7) De plus, je devrais prier pour la khachya (la
crainte d’Allah). Parce que sans hidaya et sans khachya, je peux
facilement m'égarer. La hidaya est mon passeport. La khachya est
mon visa.
Dans le Coran, nous lisons : « Allah donne sans compter à qui Il veut ». (3.37)
« Il donne comme Il veut. » (5.64) Cela veut dire qu'Allah donnerait même à
ceux qui ne prient pour rien, qui ne font rien pour Lui. C'est là mon piège.
C'est ce qui me ferait dire : puisqu'Allah donne à ces gens, pourquoi ne me
donne-t-Il pas aussi, moi qui crois en Lui et m'efforce de Lui plaire ? C'est
un piège ! Que puis-je faire pour éviter de tomber dans le piège, si je ne suis
pas déjà tombé dedans ? Eh bien, je dois juste tirer une leçon de mes
expériences personnelles. Mes expériences personnelles devraient m'enseigner, à
travers des faits, que « Si Allah te touche d'affliction, nul ne peut t'en
soulager sauf Lui, et s'Il te touche de bonne fortune (il n'y a personne qui
puisse l'altérer); car Il est Capable de tout faire. Il est l'Omnipotent sur
Ses serviteurs, et Il est le Sage, l'Omniscient. » (6.17-18) Une fois que j'ai
appris cela, je peux comprendre pourquoi Allah m'a privé de quelque chose que
j'aimais. Allah dit : « Et si Allah augmentait la provision pour Ses esclaves,
ils se rebelleraient sûrement sur la terre, mais Il fait descendre par mesure
comme Il veut. Il est Connaisseur, un Voyant de Ses serviteurs. » (42.27) Si je
suis honnête avec moi-même, je dois me demander : suis-je devenu une meilleure
personne la dernière fois qu'Allah m'a donné ceci ou cela ? Ai-je remercié
Allah pour Son don ou ai-je plutôt répondu par pécher ?
Allah dit: « Ceci est pour celui qui craint Ma Majesté et craint Mon
avertissement. » (14.14) Que me dit ce verset ? Eh bien, il me dit : STOP ! Où
est-ce que tu veux en arriver? Mais qu'est-ce que tu veux ? Veux-tu servir
Allah ou veux-tu qu'Allah te serve ?
Ce sont des questions légitimes. Je devrais leur répondre, si je suis un bon
croyant. Je devrais mettre toutes mes demandes et mes prières de côté pour un
moment et commencer à me poser des questions sur les choses que j'ai déjà. Dans
les infos, on entend quelque chose comme : « C'est le pire ouragan depuis 30
ans. Beaucoup de gens ont tout perdu. » C'est difficile à vivre même pour les
croyants fervents. Il n'est facile pour personne de tout perdre du jour au
lendemain. Mais quand je vois que de telles choses n'arrivent pas exclusivement
à des nations ou à des pays spécifiques, je dois poser des questions. La
sécheresse, par exemple, a frappé les gens même du vivant des prophètes. C'est
arrivé aux disciples de Moïse (psl) de son vivant. C'est arrivé aux disciples
du Prophète Mohammad (psl) de son vivant, aux compagnons du Prophète (psl) sous
le règne d'Omar Ibn al-Khattab et d'autres bons dirigeants. A quoi penserais-je
donc quand je me pose de telles questions ? Eh bien, je penserais à ces 28
années (plus ou moins heureuses / pacifiques / normales...) entre
l'ouragan/sécheresse/incendie/guerre dévastatrice actuelle et la précédente. Je
penserais à ma dent / pied / main... avant qu'elle ne soit blessée. Je
penserais aux temps où j'avais de l'eau et de l'électricité toute la journée
toute l'année... avant les coupures de courant quotidiennes démoralisantes. Je
devrais penser aux dons d'Allah, à Sa générosité et à Sa patience pendant tout
ce temps où je n'appréciais pas vraiment ces dons.
Maintenant, supposons que je sois certain que quelqu'un m'aime tellement et se
soucie tellement de mon amour, comment pensez-vous que je réagirais ? Eh bien,
si je suis reconnaissant, j'essaierais au moins de ne pas lui faire de mal, de
ne pas le choquer même si je n'avais pas de sentiments particuliers envers
cette personne. Si je suis un ingrat, je pourrais penser qu'il est normal
qu'une telle personne m'aime plus que cela et fasse l'impossible pour me
plaire. Alors je m'en fous, je montrerais à cette personne que je ne l'aime
pas, etc. Que se passe-t-il dans ce cas ? Eh bien, je pourrais regretter un
jour d'avoir perdu l'amour de cette personne. C'est la conséquence de
l'arrogance. Allah n'aime pas cela. Il a dit au sujet du peuple de Pharaon : «
Alors, quand ils Nous ont irrités, Nous les avons punis et les avons tous noyés.
» (43.55)
Donc, de tels événements terribles qui me feraient poser des questions
existentielles devraient en fait être un rappel pour moi. Je dois me rappeler
qu'Allah est plus puissant que les gens, plus puissant que les États, plus
puissant que les empires. Pourquoi Allah a-t-Il fait souffrir les gens de la
sécheresse alors qu'ils recevaient encore Ses révélations de leurs prophètes ?
La réponse est claire et simple : Allah veut que l'humanité sache que « Ce
qu'Allah ouvre à l'humanité par miséricorde, nul ne peut le retenir ; et ce
qu'Il retient, nul ne peut le relâcher par la suite. Il est le Puissant, le
Sage. grâce envers vous ! Y a-t-il un autre créateur qu'Allah qui vous pourvoit
du ciel et de la terre ? Il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Vers qui donc
êtes-vous tournés ? » (35.3) Ce n'est pas le gouvernement qui crée des emplois
; c'est Allah Qui crée les conditions de la croissance économique où Il veut et
quand Il veut. Un gouvernement qui ne peut pas éviter une crise économique
majeure ne peut pas, du jour au lendemain, créer des millions d'emplois ! C'est
Allah qui est le Seigneur du monde. L'État/le gouvernement peut construire
autant de ponts et de routes qu'il peut se le permettre. Allah peut faire
tomber tout cela en quelques heures seulement. Dans le même temps, lorsque
l'État, directement ou indirectement, détruit l'environnement par une pollution
abjecte et provoque des sécheresses et des inondations, Allah reste le dernier
recours pour mettre fin à la sécheresse ou contrôler les inondations.
Rappelez-vous, dans les années 1980, la moitié de l'humanité vivait sous le
seuil de pauvreté. Je n'ai pas besoin de nommer un pays pour l’exemple. Vous
les connaissez. Cela signifie-t-il que les politiciens qui régnaient sur le
monde avant cette époque-là étaient tous idiots ? Et puis de nombreux pays qui
ont connu une croissance économique époustouflante pendant un certain temps
sont devenus les victimes d'une inflation exaspérante et de dettes étrangères
injouables ? Est-ce donc l'État ou Allah qui crée les conditions de la
croissance économique où Il veut et quand Il veut ? Parfois, il y a trop
d'emplois à pouvoir que même le gouvernement ne peut pas gérer sans changer les
lois sur l'immigration. C'est comme ceux qui veulent provoquer la pluie en
bombardant des nuages et obtiennent des inondations mortelles à la fin de la
journée !
Quand je pense à tout cela, je devrais être étonné qu'Allah, qui doit diriger
le monde, mais le monde entier avec tous ses problèmes et sa complexité, puisse
« trouver du temps » pour penser à moi aussi. « Mon Seigneur ne s'égare ni
n'oublie. » (20.52) Ce sentiment que mon Dieu est le Seigneur du monde est ma
meilleure assurance. Quand je rends grâce à Allah - pour ce qu'Il m'a déjà
donné - je fais tomber les barrières psychologiques imaginaires qui me séparent
de Lui ; Je nettoie mon cœur de tous ses complexes. En me réconciliant avec mon
Dieu, par la repentance, je guéris mon cœur de mon ego superficiel. En faisant
tout cela, je me remets entre les mains du vrai Seigneur. Allah dit: « Et Allah
était prédominant dans Sa carrière, mais la plupart des hommes ne le savent
pas. » (12.21) « Et que leur discours ne t'attriste pas (O Mohammad). La
puissance appartient entièrement à Allah. Il est l'Audient, l'Omniscient. »
(10.65) « Dis : Criez à ceux (saints et anges) que vous supposez (être des
dieux) à côté de Lui, mais ils n'ont aucun pouvoir pour vous débarrasser du
malheur ni pour changer. » (17.56) « Ils ne mesurent pas Allah Sa juste mesure.
Allah est Fort, Tout-Puissant. » (22.74) « Et il n'y a rien qui n'en soit avec
Nous les réserves et Nous ne le faisons que dans une mesure déterminée. »
(15.21) « Et il n'y a pas une bête sur la terre dont la subsistance n'incombe à
Allah. Il connaît son habitation et son dépôt. Tout est dans un registre clair.
» (11.6) « Et combien y a-t-il d'animaux qui ne portent pas leurs propres
provisions ! Allah pourvoit à eux et à vous. Il est l'Audient, l'Omniscient. »
(29.60) Je ne peux donc m'empêcher de m'incliner volontairement, sciemment, de
chaque cellule de mon corps, de chaque parcelle de mon âme, devant Dieu, Allah,
le Seigneur des mondes.
Est-ce à dire que l'État est inutile, que le gouvernement est redondant ? Pas
du tout. Quand un homme au pouvoir m'aide, c'est bien de sa part, et je dois
l'en remercier - même s'il ne le fait peut-être que pour être réélu ou pour
booster les ventes de ses futurs mémoires. Je devrais le remercier parce que,
comme l'a dit le prophète (psl), « Celui qui ne remercie pas les gens ne peut
pas remercier Allah le Tout-Puissant. »
Maintenant, dois-je accepter l'aide des gens ? Pourquoi pas ? Je ne devrais pas
considérer cela comme une aide à ma personne, mais plutôt à l'être humain en
moi. Quand je vais au travail et que je passe des heures au travail, avec
toutes les conséquences à long terme qui en découlent sur ma santé, je ne le
fais pas uniquement pour le bien de mon âme. Je le fais pour le bien de la
société dans son ensemble. Lorsque vous passez des années et des années à
élever un enfant, vous ne le faites pas uniquement pour votre propre plaisir.
Vous le faites aussi pour le bien et l'intérêt de la nation. Cet enfant peut
devenir un soldat pour défendre la nation, ou un enseignant pour éduquer les
générations futures, ou un médecin pour soigner les futurs patients de ce pays.
Je ne devrais donc pas avoir honte de recevoir de l'aide - que ce soit l'argent
des contribuables ou des dons privés - quand je ne peux pas m'en passer.
Aujourd'hui, c'est moi qui ai besoin d'aide, demain c'est peut-être moi qui
apporterai de l'aide à quelqu'un d'autre. C'est la solidarité. Allah veut deux
choses : la gratitude envers Lui et la solidarité entre les humains. Quand
quelqu'un me donne quelque chose (une aide), il peut le faire pour être
remercié ou simplement pour manifester le côté humain en lui - pour se sentir
comme une personne décente et utile. Quand Allah me donne quelque chose de bon,
c'est comme s'Il me disait : Hé, c'est juste pour que tu te rappelles le
Paradis. Allah dit (à propos d'Ibrahim (psl)) : « Nous lui avons donné sa
récompense dans le monde, et dans l'au-delà, il est vraiment parmi les justes.
» (29.27) Quand Allah me soumet à quelque chose de douloureux, c'est comme s'Il
me disait : Hé, c'est juste pour que tu rappelles l'Enfer. Allah dit : « Ne
voient-ils pas qu'ils sont éprouvés une ou deux fois par an ? Pourtant, ils ne
se repentent pas. » (9.126) En d'autres termes, Allah prend soin de moi. Il ne
veut pas que j'aille en enfer. Il veut que j'aille au paradis. Même le Coran
décrit la mort comme une « mosibah », une calamité. (9.106)
Comment puis-je compter sur quelque chose qui, dans le meilleur des cas, se
terminera par une mosibah ? C'est encore plus horrible que de
perdre sa maison !
D'ailleurs, quand il y a une calamité, une catastrophe naturelle, on ne sent
pas vraiment une très grande différence entre un pays riche et un pays pauvre.
La souffrance est la souffrance. Vous pouvez sauver des personnes ici en
utilisant des hélicoptères et là en utilisant de petits bateaux ou des animaux.
Le rythme de la reconstruction peut différer et pourtant on ne peut qu'être
étonné de constater que malgré des catastrophes naturelles dévastatrices
récurrentes (la mousson en Asie du Sud-Est, par exemple) la vie continue
normalement. Cela pourrait changer à l'avenir, je ne sais pas. Mais, du moins
jusqu'à présent, il y a chaque année une mousson et pourtant c'est là que l'on
trouve la plus grande population au monde. Les maisons sont reconstruites, les
villages sont reconstruits, les villes sont reconstruites et les touristes y
retournent. Malgré la mousson, les gens jouent au cricket chaque année. Malgré
les ouragans, les gens vont chaque année à des concerts, des stades et des
terrains de golf. Le fait est qu'en tant que croyant, je devrais considérer ces
événements terribles comme des messages, comme un rappel. Je devrais me
rappeler qu'en tant qu'être humain, je suis faible. Mon pouvoir a des limites.
Je ne suis pas « chez moi » : je ne suis qu'un invité dans ce monde. Beaucoup
de gens étaient ici un jour. Moi aussi je m’en irai un jour. L'avion m'offre
peut-être le meilleur confort, dans la meilleure première classe du monde, mais
je ne suis qu'un passager. Je peux vivre dans une maison de type cinq étoiles,
mais à ma mort, elle cessera d'être la mienne. Allah dit : « Nous Seuls, Nous
héritons de la terre et de tous ceux qui s'y trouvent, et c'est à Nous qu'ils
sont retournés. » (19.40) « Tous ceux qui y seront passeront ; Il ne reste que
le visage de ton Seigneur de puissance et de gloire. » (55.26-27) « Vous ne
pouvez (Lui) échapper ni sur la terre ni dans le ciel, et en dehors d'Allah il
n'y a pour vous ni ami ni secoureur. » (29.22) « Allah reçoit les âmes (des
hommes) au moment de leur mort, et celle (l'âme) qui ne meurt pas (encore) dans
son sommeil. Il garde celle (l'âme) pour laquelle Il a ordonné la mort et
renvoie les autres jusqu'à un terme fixé. En vérité, il y a ici des présages
pour les gens qui réfléchissent. » (39.42)
Mes jours sont comptés chaque jour. Je suis juste de passage, à tout moment en
partance. Je suis comme une balle de tennis lancée à gauche et à droite entre
le lever et le coucher du soleil. Le lever du soleil me jette au coucher du
soleil et le coucher du soleil me jette au lever du soleil : je ne peux point
arrêter le temps. Et un jour, hop, je réaliserai à quelle vitesse je vieillis.
Le Coran me dit : « Envoyez (de bonnes actions) devant vous pour vos âmes, et
craignez Allah, et sachez que vous Le rencontrerez (un jour). Annoncez la bonne
nouvelle aux croyants, (O Mohammad). » (2.223) Alors que puis-je faire sinon
rechercher une relation pacifique plutôt que conflictuelle avec mon Seigneur ?
Quand je reconnais ma faiblesse vis-à-vis d'Allah, Lui aussi me dit : « Allah
vous allégera le fardeau, car l'homme a été créé faible. » (4.28) C'est
pourquoi, quand je commets une erreur, Allah tiendra compte de ma faiblesse.
Parce qu'Il est « Miséricordieux, Aimant » (11.90) « Et c'est Lui le
Pardonneur, l'Aimant. » (85.14) « Ceux qui évitent les plus grands péchés ainsi
que les turpitudes et [qui ne commettent] que des fautes légères. Certes, le
pardon de Ton Seigneur est immense. C'est Lui qui vous connaît le mieux quand
Il vous a produits de terre, et aussi quand vous étiez des embryons dans les
ventres de vos mères. Ne vous attribuez donc pas la pureté ; c'est Lui qui
connaît mieux ceux qui [Le] craignent.» (53.32) Quand Allah sait que je ne veux
pas de guerre avec Lui, que je ne cherche pas à le contrarier, Il transforme ma
faiblesse en force.
Qu'est-ce que cela signifie pour moi de reconnaître que je suis faible
vis-à-vis d'Allah ? Cela signifie que je ne veux pas qu'Allah regrette de
m'avoir créé. Je veux qu'Il soit fier de moi. Comment? Allah dit : « Pourquoi
Allah vous infligerait-il un châtiment si vous êtes reconnaissants et croyants
? Allah est Reconnaissant et Omniscient.» (4.147) « Ô vous qui croyez ! Mangez
des bonnes choses dont Nous vous avons pourvus et remerciez Allah si c'est (en
effet) Lui que vous adorez. » (2.172) Comme je l'ai dit, je ne suis qu'un
invité dans ce monde. Oui, je peux travailler et gagner de l'argent. Mais je ne
peux pas tout faire pour me faciliter la vie. Je ne peux pas confectionner
moi-même mes vêtements moi-même. Je ne peux pas fabriquer mon vélo moi-même.
J'ai besoin d'une télé; je dois suivre l'actu. J'ai besoin de légumes et de
fruits. J'ai besoin d'électricité et d'eau à la maison. Que ferais-je de mon
argent s'il n'y avait pas d'autres personnes pour faire toutes ces choses pour
moi ? Je suis peut-être financièrement autonome, mais je ne peux jamais me
passer des autres. J'ai aussi besoin d'air pur. J'ai besoin de soleil. J'ai
besoin de dormir. J'ai besoin d'une bonne santé. Alors Allah a pensé à toutes
ces choses avant de nous créer. Il dit: « Est-ce eux qui répartissent la
miséricorde de ton Seigneur ? Nous avons réparti entre eux leur subsistance
dans la vie du monde, et élevé certains d'entre eux au-dessus des autres en
rang afin que certains d'entre eux puissent prendre le travail des autres ; et
la miséricorde de ton Seigneur vaut mieux que (la richesse) qu'ils amassent. »
(43.32) C'est pourquoi Il dit encore : « Et ne convoitez pas la chose dans
laquelle Allah a fait que certains d'entre vous surpassent les autres. Aux
hommes une fortune de ce qu'ils ont gagné, et aux femmes une fortune de ce
qu'elles ont gagné. (Ne vous enviez pas les uns les autres) mais demandez à
Allah Sa grâce. Et Allah est Omniscient. » (4.32)
Maintenant, au lieu de demander pourquoi Allah donne à ceux qui ne croient pas
en Lui, je devrais me demander plutôt : pourquoi est-ce que je ne cherche pas
l'aide d'Allah tout en voulant le servir ? Pourquoi est-ce que je ne respecte
pas les décisions d'Allah ? Si Allah veut donner telle ou telle chose, qu'il en
soit ainsi ! Ce qui m’importe, c'est qu'Allah puisse me pourvoir moi aussi.
Mais je dois d'abord me préparer à recevoir le don d'Allah. Il y a une
différence entre ce qu'Allah m'a donné avant - sans mériter ce qu'Il m'a donné
- et quelque chose qu’Il me donne maintenant ou dans le futur comme récompense
pour quelque chose que j'ai faite pour Lui plaire. Une récompense n'est pas
comme un cadeau. Seulement, le fait est que je n'obtiendrai aucune sorte de
récompense sans faire de sacrifices. Quand cette récompense vient, eh bien, je
la considère comme une miséricorde d'Allah. Tout comme quand quelqu'un m'aide
(par amour) ou fait quelque chose pour moi (pour de l'argent), je considère
cela aussi comme une miséricorde d'Allah. Personne ne peut m'aider ou faire
quoi que ce soit pour moi « sauf par la permission d'Allah », de toute façon.
Pensez à une personne riche quand elle tombe malade. Son argent peut-il lui
rendre la santé « sauf par la permission d'Allah » ? Donc je considère la
miséricorde d'Allah comme un signe de la grandeur d'Allah. Mais alors que je
réalise à quel point Allah est grand, à quel point Allah est puissant, je ne
peux m'empêcher de ressentir une sorte de peur de Lui. Je réaliserais que même
la crainte d'Allah est en fait une miséricorde. C'est pourquoi les bons
croyants implorent Allah de leur accorder la khachya (la
crainte d’Allah). La crainte d’Allah est une sorte de vaccination spirituelle.
Je suis un croyant, mais je suis un être humain après tout. Je peux être faible
à un moment parce que j'ai les mêmes instincts, les mêmes désirs, les mêmes
peurs que n'importe qui d'autre. La vie est imprévisible. Je ne sais pas ce qui
peut m'arriver demain. Je suis peut-être intelligent, mais je ne peux pas
savoir ce qu'il y a dans la tête des autres. Je peux être trahi, je peux être
trompé, je peux être déçu, je peux être humilié, je peux perdre des choses qui
sont maintenant essentielles pour moi. Alors si je m'appuie sur mes propres
capacités comportementales, sur mes qualités de communication, sur mon
intelligence exceptionnelle, (bref, sur mes soft skills), je peux tout de même
être surpris d'avoir affaire à des gens particulièrement méchants qui
n'auraient aucune pitié pour moi. On a vu à travers l’Histoire même des rois et
des empereurs trahis par là où ils ne s’y attendaient pas. D'où l'importance de
la crainte d’Allah. Si je crains Allah, je ferai de mon mieux pour éviter le
mal, en gardant à l'esprit que je peux encore faillir dans les moments de
faiblesse. Si quelque chose de mal m'arrive (comme punition divine pour mes
péchés passés ou présents), je suis la victime, pas l'agresseur. Si je suis la
victime et que je suis un bon croyant, Allah m'aide malgré mes péchés passés.
Il dit : « Allah défend ceux qui sont vrais. Allah n'aime pas chaque ingrat
traître. » (22.38) Si je suis l'agresseur, « Allah n'aime pas les agresseurs. »
(2.90) Il se peut donc qu'il ne m'aide pas. Mais cela ne veut pas dire pour
autant que je dois rester les bras croisés quand je suis agressé. J’ai le choix
d’y répondre de la manière qui me conviendrait le mieux. Allah dit: « Et celui
qui vous attaque, attaquez-le de la même manière qu'il vous a attaqué. Observez
votre devoir envers Allah et sachez qu'Allah est avec ceux qui conjurent (le
mal) ». (2.194) Quand j'essaie d'éviter le mal, je crains Allah, pas les gens.
C'est ça la taqoua, observer mon devoir envers Allah. La taqoua signifie
que je suis le contrôleur de mon propre comportement. Je fais attention à mes
propres actes. C'est le bon sens. C'est ce qu'une personne sensée devrait
faire. Et, justement, Allah parle aux gens sensés, appelés dans le Coran « les
hommes intelligents ». Allah dit : « Le mal et le bien ne se ressemblent pas,
même si l'abondance du mal t'attire. Alors soyez conscients de votre devoir
envers Allah, ô hommes intelligents, afin que vous réussissiez. » (5.100)
Quand j'y pense, je me rends compte que tout cela est bon pour moi. Pourquoi
j'adore Allah après tout ? Eh bien, Allah dit : « Ô hommes ! Adorez votre
Seigneur, qui vous a créés, vous et ceux qui vous ont précédés, afin que vous
puissiez conjurer (le mal) ». (2.21) « Observez donc votre devoir envers Allah
afin que vous soyez reconnaissants. » (3.123) J'adore Allah afin je puisse
conjurer le mal, c’est-à-dire, craindre Allah. Je fais ceci en observant mon
devoir envers Allah, en signe de reconnaissance et de révérence envers Lui.
C’est ainsi que je me libère de la peur des gens et que je deviens bon, autant
que possible, envers les créatures d’Allah. Ce faisant, j'évite beaucoup de
problèmes inutiles. En étant bon, de moins en moins de gens souffriraient de
mes actes ou se plaindraient de moi ou penseraient à me faire du mal, surtout
quand je suis indépendant (financièrement, etc.). Parfois, la bonté est
malheureusement prise pour un signe de faiblesse même par des proches.
Cependant, en suivant ce chemin de paix, je me retrouve à mener une vie plutôt
paisible (malgré des blessures occasionnelles de la part de certains adeptes de
Satan lors de mes épreuves ou en guise de punition pour mes propres péchés).
Par conséquent, je vois le bénéfice de ma Foi. Je vois que la religion est bien
pour moi. J'ai le sentiment que la foi n'est pas seulement du bla-bla ou un
lavage de cerveau, mais qu'elle a des effets positifs concrets sur mon
quotidien. Alors je rends grâce à Allah pour cela : je vois, à travers cela, la
grandeur et la sagesse d'Allah.
Le Prophète (psl) a dit : « Par Celui qui détient ma vie, si vous ne commettiez
pas de péché, Allah vous balayerait de l'existence et Il (vous) remplacerait
par ceux qui commettraient le péché et demanderaient le pardon d’Allah, et Il
leur aurait pardonné. » Est-ce que cela est un appel aux croyants à commettre
des péchés ? Loin de là. Allah dit : « Ô vous qui croyez ! Allah va
certainement vous éprouver par quelque gibier à la portée de vos mains et de
vos lances. C'est pour qu’Allah sache celui qui le craint en secret. Quiconque
après cela transgresse aura un châtiment douloureux. » (5.94) Ceci n'est qu'un
exemple des conditions qu'Allah créerait pour vous, pour moi, pour succomber à
la tentation. Toutefois, la dernière décision revient à moi.
Autre exemple : je suis devant quelque chose que j'aimerais avoir pour moi. Je
peux la voler sans jamais être remarqué. La tentation est forte. Si je résiste,
je suis sauvé. Si je succombe, je m'expose au châtiment d'Allah, et non d'aucun
humain. Dans le Coran, on lit : « Et ils suivent ce que les diables racontent
contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n'a jamais été mécréant mais
bien les diables : ils enseignent aux gens la magie ainsi que ce qui est révélé
aux deux anges Harout et Marout, à Babylone ; mais ceux-ci n'enseignaient rien
à personne, qu'ils ne lui aient dit d'abord : "Nous ne sommes rien qu'une
tentation : ne sois pas mécréant" ; Et de ces deux (anges) les gens
apprennent ce par quoi ils causent la division entre l'homme et sa femme, mais
ils ne nuisent ainsi à personne sauf par la permission d'Allah. Et ils
apprennent ce qui leur fait du mal et ne leur profite pas… » (2.102)
Alors si j'échoue à l'épreuve et que je pèche, je serai puni. Mais ce serait
dans J'espoir que ma punition me ramènera sur le chemin d'Allah. Ainsi Allah
restera toujours dans mon esprit. Certains croyants redoutent de telles
situations. Ils ne veulent absolument pas pécher. Ils ne veulent pas commettre
d'actes abominables. Mais il y en a d'autres qui redoutent al-khatarat (les
mauvaises pensées), pas seulement al-'atharat (les mauvais
actes) ; ils ne veulent même pas penser à commettre le moindre péché ! C'est le
grade de la wilaya (Alliance avec le bon Dieu, protection d’Allah). Allah dit:
« Dans ce cas, la protection vient uniquement d'Allah, le Véritable. Il accorde
la meilleure récompense et la meilleure destinée. » (18.44) C'est le haut su
pyramide, si vous voulez. Allah dit : « Il sélectionne pour Sa miséricorde qui
Il veut. Allah est d'une Infinie Bonté. » (3.74) Ce sont les gens qui veulent
servir Allah plutôt que d'attendre qu'Allah les serve. C'est pourquoi Allah
leur a préparé un grade spécial au Paradis. Il dit : « Et les premiers dans la
course, les premiers dans la course : Ce sont ceux-là qui seront rapprochés
Dans les jardins de délices. » (56.10-12) « La récompense du bien est-elle
autre chose que le bien ? » (55.60)
Est-ce un « groupe fermé » ? Le Coran dit : « Et les premiers dans la course,
les premiers dans la course : Ce sont ceux-là qui seront rapprochés Dans les jardins
de délices. Une multitude de ceux d'autrefois Et quelques-uns de ceux des temps
ultérieurs. » (56.10-14) Allah dit encore : « Peu de Mes serviteurs sont
reconnaissants. » (34.13) Comment puis-je être reconnaissant, « un serviteur
reconnaissant » (17.3) ? Il y a un exemple clair dans le Coran : « (…) les
descendants de ceux que Nous avons transportés dans l'arche avec Noé. Celui-ci
était vraiment un serviteur fort reconnaissant. » (17.3) Mais lui il est un
prophète. Je ne suis pas un prophète. Comment puis-je lui ressembler ? Le Coran
dit : « Alors observez votre devoir envers Allah afin que vous soyez
reconnaissants ». (3.123) « Et c'est Lui qui a attribué une alternance à la
nuit et au jour pour que celui qui le désire se souvienne ou pour qu’il fasse
montre de sa reconnaissance. » (25.62) « Et celui qui fait le bien de son plein
gré, (pour lui) Allah est Reconnaissant, Omniscient. » (2.158) « Nous avons
créé l'homme à partir d'une goutte de liquide épaissi pour l'éprouver ; ainsi
Nous le faisons entendre, sachant. Nous lui avons montré le chemin, qu'il soit
reconnaissant ou mécréant. » (76.2-3) « Ô vous qui croyez ! Endurez, surpassez
tous les autres en endurance, Luttez constamment et observez votre devoir
envers Allah, afin que vous puissiez réussir. » (3.200) Combien de personnes
sont prêtes à faire cela ? Pas étonnant donc qu'Allah dise : « Peu de Mes
serviteurs sont reconnaissants. » (34.13) « Mais vous êtes rarement
reconnaissants ! » (67.23)
Si je ne peux pas être patient quand je perds une seule chose, comment puis-je
remercier Allah pour toutes les choses qu'Il m'a déjà données ? C'est une
question de foi (croyance) et de foi encore (intention). Allah dit : « Si vous
remerciez, je vous en donnerai davantage. » (14.7) « Et celui qui fait le bien
de son plein gré, (pour lui) Allah est Reconnaissant, Omniscient. » (2.158)
C'est pourquoi Allah dit : « Il y a en cela des preuves pour tout homme patient
et reconnaissant. » (31.31) Ces gens qui sont patients et reconnaissants ne se
plaignent pas du Destin. Ils ne veulent pas une vie facile du début à la fin.
Ils sont prêts pour les épreuves et les sacrifices. Mais cela ne signifie pas,
cependant, qu'ils imploreraient Allah de les toucher d'affliction et
d'adversité. Ils seraient seulement patients et reconnaissants, peu importe ce
qui leur arrive. Salomon (psl) est cité dans le Coran disant: « Cela est de la
grâce de mon Seigneur, pour m'éprouver si je suis reconnaissant ou si je suis
ingrat. Quiconque rend grâce, il ne rend grâce que pour (le bien de) sa propre
âme ; et quiconque est ingrat (n'est ingrat que pour le mal de son âme). Car
mon Seigneur est Absolu en indépendance, et est Généreux". » (27.40) Si je
suis un bon croyant, je dois savoir qu'il est normal que je rende grâce à
Allah. Sinon pourquoi est-ce que je crois en Lui ? Allah dit : « Mangez donc
des choses bonnes et licites qu'Allah vous a attribuées ; et soyez
reconnaissants à Allah pour Ses faveurs, si vous êtes sincères dans Son
adoration. » (27.114) « Si vous êtes ingrats, alors Allah est Indépendant de
vous - même s'Il n'aime pas de l'ingratitude pour Ses serviteurs ; mais si vous
êtes reconnaissants, Il en est satisfait pour vous. Nul pécheur ne portera les
péchés d'autrui. Ensuite, vers votre Seigneur sera votre retour : Il vous informera
alors de ce que vous faites car Il connaît parfaitement ce qu'il y a dans les
poitrines (des hommes). » (39.7) La gratitude est une vertu, n'est-ce pas ?
Allah veut que nous ayons des vertus, pas des vices. Quand Allah dit « Ne
rendront-ils pas alors grâce? » (36.73) c'est comme s'Il disait : Pourquoi
devriez-vous croire si vous ne Me remerciez pas ?
Encore et encore, c'est une question de foi (intention). Je ne peux pas croire
en Allah « sauf par Sa permission ». Et je ne peux pas faire le bien « sauf par
sa permission ». Allah dit : « Pourtant vous ne le ferez pas, à moins qu'Allah
ne le veuille. Allah est Omniscient et Sage. » (76.30) Si seulement j'avais la
bonne foi ! Allah me dit: « Et chacun a un but vers lequel il se tourne;
rivalisez donc les uns avec les autres dans les bonnes œuvres. Où que vous
soyez, Allah vous rassemblera tous. Allah est capable de tout. » (2.148) Alors
pourquoi ne dirais-je pas OK ? Et puis Allah m'aidera à croire en Lui, à faire
du bien, à Lui rendre grâce... Allah dit : « Et parmi eux il y en a qui
surpassent (d'autres) par de bonnes actions, par la permission d'Allah. »
(35.32) « S'il n'y avait pas eu la grâce d'Allah et Sa miséricorde envers vous,
aucun d'entre vous ne serait jamais devenu pur. Mais Allah fait croître qui Il
veut. Et Allah est l'Audient et l'Omniscient. » (24.21) C'est pourquoi les bons
croyants disent (comme dans le Hadith) : « Ô Allah, aide-nous à nous souvenir
de Toi, à Te remercier et à T'adorer comme il faut. »
Comme je l'ai déjà dit, Allah parle aux « hommes intelligents » (5.100), des
gens (hommes et femmes) qui utilisent leur esprit pour voir ce qui est bon pour
eux. Allah n'a pas besoin de mes remerciements. Il vaut plus que des
remerciements, mais Il n'en a pas besoin. Si je suis reconnaissant à Allah, Lui
aussi m'est reconnaissant. Il dit dans le Coran : «Allah est Reconnaissant,
Omniscient. » (2.158) « Allah est Pardonneur et Reconnaissant. » (42.23) « Si
vous rendez grâces, je vous donnerai davantage. » (14.7) C'est une relation «
d'amour » réciproque. Je m’intéresse à d'Allah, Il prend soin de moi. Je n'ai
rien à donner à Allah, Il a beaucoup de choses à me donner.
Pour simplifier, imaginons une amitié entre un grand empereur et son jardinier.
L'empereur fait preuve de tendresse et de générosité envers le jardinier. Il le
protège et lui donne une certaine assurance. Le jardinier, pour sa part, fait
preuve d'un respect total, d'une loyauté sans faille et même d'un amour
inébranlable pour son maître. Cette image est trop simpliste pour se représenter
ne serait-ce qu'un tout petit peu la relation qui devrait exister entre un
croyant et Allah. Mais au moins ça a le mérite de nous faire comprendre que
c'est l'empereur qui doit assurer la protection et que le jardinier ne doit en
aucun cas manquer de respect à son maître. A partir du moment où j'admets
qu'Allah est mon maître, le Seigneur, et que je me soumets à Lui, avec tout le
respect qui Lui est dû, je suis en droit d'aspirer à Sa protection. Même le
Coran parle de « tijara » (commerce) entre le croyant et le Seigneur. J'honore
ma partie de l'engagement, et alors Allah me dit, à moi et à tout le monde : «
Honorez votre engagement envers Moi, J'honorerai Mon engagement envers vous, et
c'est Moi seul que vous devez redouter. » (2.40) « Et qui est plus fidèle à son
engagement qu'Allah? » (9.111)
En me soumettant à la volonté d'Allah je ferai inévitablement des sacrifices,
qui, en principe, devraient être récompensés et qui plus est par une juste
compensation. Pourtant, ce n'est pas parce que j'ai fait ce qu'Allah m'a
demandé de faire que je mérite cette récompense. Il m'a déjà donné tellement de
choses ! La vie qu'Il m'a donnée n'a pas de prix. Un œil, un bras ou une jambe
qu'Il m'a donné n'a pas de prix. Il m'a donné tout cela et plus encore sans rien
lui demander. Et en plus il y a un bonus : le paradis. Tout le monde aurait
normalement droit au paradis s'il n'y avait pas une sorte de compétition. Je
veux le paradis ? Eh bien, je fais un effort pour ça !
Ainsi, pour les bons croyants, exprimer de la gratitude, c'est exprimer de
l'amour, tout comme aider les autres, c'est leur donner une chance d'aimer
Allah à leur tour. Allah ne veut pas que je croie en Lui juste par gentillesse.
Il veut que je croie en Lui parce que c'est la vérité. Il veut que je croie en
lui pour préparer sa rencontre, pour préparer « mon retour » au paradis. Allah
dit : « Dis : Je ne suis qu'un mortel comme vous. Mon Seigneur m'inspire que
votre Dieu est un seul Dieu. Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur,
qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe personne dans l'adoration de
son Seigneur. » (18.110)
Quelle serait l'alternative, je me demande ? Il y a soit Dieu soit Satan. Je dois choisir. Allah dit : « Quiconque choisit Satan comme allié au lieu d'Allah est vraiment voué à une perte évidente. » (4.119) Oui, je ne peux pas voir Satan (Lucifer) dans la rue. Mais Allah dit : « Ô enfants d'Adam ! Que Satan ne vous séduise pas car il a fait sortir vos (premiers) parents du Jardin et leur a arraché leur robe (d'innocence) afin qu'il puisse leur manifester leur honte. Il vous voit, lui et sa tribu, d'où vous ne le voyez pas. Nous avons fait des démons des amis protecteurs pour ceux qui ne croient pas. » (7.27) Allah (qui a créé Satan) dit aussi : « Le choisirez-vous, lui et sa postérité, pour vos amis protecteurs à la place de Moi, alors qu'ils sont vos ennemis ? » (18.50) Est-ce que je choisirais un ennemi pour ami ? Cela n'a aucun sens. Allah parle même de « démons humains et djinns qui s'inspirent mutuellement des discours plausibles par ruse ». (6.112) Comment puis-je savoir que cette personne est « un ange » et que celle-ci est « un démon » ? J'ai besoin d'une lumière spéciale pour distinguer ceci de cela. Allah dit : « Ô vous qui croyez ! Souvenez-vous de votre devoir envers Allah et ayez foi en Son messager. Il vous accordera le double de Sa miséricorde et vous assignera une lumière dans laquelle vous marcherez et vous pardonnera. Allah est Pardonneur, Miséricordieux. » (57.28) « Vos parents ou vos enfants : vous ne savez pas lequel d'entre eux est le plus proche de vous en utilité. » (4.11) « Ô vous qui croyez ! Parmi vos femmes et vos enfants il y a des ennemis pour vous ; c'est pourquoi méfiez-vous d'eux. Mais si vous [les] excusez passez sur [leurs] fautes et [leur] pardonnez, sachez qu’Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Votre richesse et vos enfants ne sont qu'une tentation, alors qu'Allah ! auprès de Lui est une immense récompense. » (64.14-15) Comment puis-je « me méfier d'eux » ou de qui que ce soit d'autre si je n'ai pas cette « lumière spéciale » d'Allah ? Comment puis-je être un bon croyant si Allah ne m'aide pas à voir cette lumière ? Allah dit : « Et celui à qui Allah n'a pas assigné de lumière, il n'y a pas de lumière pour lui. » (24.40) « S'il n'y avait pas eu la grâce d'Allah sur vous et Sa miséricorde, vous auriez suivi Satan, sauf quelques-uns (d'entre vous). » (4.83) En tant que croyant, j'ai besoin de cette grâce d'Allah. Et puis, toute mon oeuvre - en tant que croyant encore - ne vaudrait rien si Allah ne l'accepte pas. « Allah n'accepte que de la part des pieux. » (5.27) « … En vérité, ceux qui accomplissent leurs obligations et mènent une vie droite, alors Allah aime ceux qui éloignent (le mal). » (3.76)