Au Hajj, les gens venus du monde entier se retrouvent au même endroit, font à peu près les mêmes choses et rentrent chacun chez soi. De retour à la maison, chacun suit ses propres coutumes. A quoi servent ces coutumes ? Elles vous disent, en somme, comment bien se comporter en société. C'est ce que fait le Coran. Si je suis croyant, le Coran me dit comment bien me comporter quand je suis seul et quand je suis en société. Je ne suis jamais seul, en fait. Je suis physiquement seul, mais mon âme est censée être connectée au Créateur. Il y a aussi deux anges et un camarade (un djinn) avec moi. Ayant cela à l'esprit, le Coran m'aide à gérer toutes mes relations : avec moi-même d'abord, avec mes proches, avec ma communauté, avec mon état, avec le pays dans lequel je vis, avec la Oummah (la nation islamique), avec l'humanité, avec Allah et avec Satan. Dans ma relation avec moi-même, par exemple, j’apprends comment préserver ma vie, mon argent, mon esprit, ma foi et mon honneur. J’apprends également comment gérer mon rapport à la beauté et à la grandeur, comment transformer ma fragilité (mes instincts, etc.) en une force morale qui préserve mon honneur et mon estime de moi, et comment m'élever d'un animal (un corps) à un être humain décent (une bonne âme dans un bon corps).
La société marocaine n'est pas la société américaine, ni la société russe, ni
la société chinoise. Mais en tant qu'êtres humains, nous avons beaucoup de
choses en commun. Nous pouvons vivre le chômage, par exemple, de différentes
manières. Mais les émotions de base d'un chômeur restent plus ou moins les
mêmes. Lorsque vous ne parvenez pas à trouver un emploi, très souvent, les gens
vous traitent mal. Vous pourriez être surpris de voir des amis ou des membres
de votre famille vous tourner le dos. Cela a à voir avec la santé mentale. Nous
avons tous besoin d'une bonne santé mentale, et la foi aide beaucoup à cela.
Les rêves sont une source inépuisable d'inspiration. Mais les rêves ne se
valent pas. Il y a des rêves qui peuvent être réalisés et d’autres qui ne se
réaliseront jamais. En tant que croyant, je dois être réaliste. Je devrais
prendre en compte toutes « les données », comme je l'ai dit auparavant. L’âge
de 50 ans n'est pas comme 20 ans. Une personne mariée n'est pas comme une
personne célibataire. Un enfant unique vivant dans une villa de banlieue n'est
pas comme un jeune garçon vivant avec son frère ou sa sœur dans une petite
chambre d'un petit appartement dans un quartier défavorisé. Être un enfant de
parents religieux bien éduqués n'est pas comme être un enfant de parents
analphabètes qui ne s'intéressent qu'à l'argent. Vivre dans un pays où la
sécurité sociale et les soins de santé sont monnaie courante n'est pas comme
vivre dans un pays où la sécurité sociale et les soins de santé sont un luxe.
Si personnellement je peux me débrouiller avec aussi peu que 60 dollars par
mois, une autre personne aurait besoin d'au moins 500 dollars par mois. Si
personnellement je peux trouver quelqu'un pour me nourrir quand je perds mon
emploi, une autre personne ne trouvera peut-être personne pour lui donner une
miche de pain. Mes propres difficultés peuvent être très, très dures - pour moi
-, mais elles peuvent n'être rien du tout comparées aux difficultés d'une autre
personne. C'est pourquoi l'islam appelle à l'humilité. Le Coran dit : « Et ne
marche pas sur terre avec arrogance. Tu ne peux pas percer la terre, et tu ne
peux pas non plus être aussi grand que les montagnes. » (17.37) Si j'ai des
yeux, je devrais penser à celui qui n'en a pas. Si j'ai des jambes, je devrais
penser à celui qui n'en a pas. Si je vis dans un logement suroccupé, infesté de
punaises, au milieu de drogués et de délinquants, dans une grande capitale ou
dans un petit village, je devrais penser à celui qui dort à même le sol dans la
rue. Si je suis marié, je devrais penser à quelqu'un qui n'a pas les moyens de
se marier. C'est ainsi que je ressentirai comment Allah m'a comblé « de Ses
bienfaits apparents et cachés. » (31.20) Allah me dit : « Et sois bon comme
Allah a été bon envers toi, et ne cherche pas la corruption sur la terre !
Allah n'aime pas les corrupteurs. » (28.77) En d'autres termes, je devrais
penser à donner avant de penser à recevoir. Il n'en faut pas beaucoup pour être
un bienfaiteur : je peux donner aussi peu qu'un sourire ou un mot gentil. C'est
l'islam tel que je le perçois. Mieux vaut penser à donner, ne serait-ce que de
simples pensées pieuses, que de s’enfermer dans le piège de la victimisation.
Et c’est la remède à beaucoup de nos problèmes psychologiques.
Il y a un siècle de cela, les jeunes dans de nombreuses régions du monde
vivaient avec leurs parents jusqu'à leur mariage. La plupart des gens, même les
analphabètes, avaient leur propre maison. Il y avait beaucoup de travail pour
tout le monde. Les jeunes pouvaient aller à l'école et ainsi vivre une vie
meilleure que celle de leurs parents. Les destructions massives causées par la
guerre ont donné à lieu à une reconstruction massive et l'exode massif vers les
villes des pays colonisés a augmenté le nombre et la taille des villes partout
dans le monde. De nouveaux emplois et métiers ont été créés, de nouvelles
formations, de nouveaux modes de vie. Tout le monde voulait être « moderne ».
Chaque pays a connu son propre essor économique. Et puis chaque pays a eu sa
crise économique. Le chômage, un concept relativement nouveau, est devenu un
problème. Les crises économiques sont devenues cycliques. Les employeurs sont
devenus de plus en plus exigeants. L'éducation devenait de plus en plus chère.
Les masses (malchanceuses) augmentaient (en nombre) plus rapidement que les
quelques chanceux. Les jeunes ont dû contracter des emprunts à long terme pour
financer leur logement ou leurs études. Les nouvelles générations ont été
invitées à travailler plus dur dans l'espoir d'obtenir la moitié de ce que leurs
parents ou grands-parents analphabètes avaient réussi à avoir. Résultat de tout
cela : la France, pays riche, est désormais considérée comme la quatrième
nation la plus pessimiste au monde. La vérité est que le pessimisme est
partout. Les analystes nous disent que la crise est systémique, le problème
vient du Système. Il y a des pays riches qui ne pourront jamais rembourser
leurs dettes. De moins en moins de pays pourront contrôler leurs déficits
budgétaires voire leur monnaie. Le chômage est désormais une maladie chronique
dans de nombreux pays. Il peut descendre à 3% et puis - hop - il remonte à 10%.
La robotisation et l'Ubérisation sont un grand défi. Beaucoup d'investisseurs
d'aujourd'hui préféreraient placer leur argent dans des banques ou des bourses
plutôt que de parier sur des industries consommatrices de main-d'œuvre ou des
projets agricoles. Et pourtant, c'est le citoyen individuel qui serait blâmé
s'il ne trouvait pas d'emploi. Peu de blâme serait porté à la porte des
entreprises en faillite ou même du gouvernement. En théorie, l'État est au
service du citoyen, mais de plus en plus c'est le citoyen qui sert davantage
l'État. Aujourd'hui, dans de nombreux pays, de nombreuses personnes paient des
impôts et, en plus, elles paient pour l'éducation de leurs enfants, les soins
de santé, etc. Mais que peut faire l'État - dans de nombreux cas ? De moins en
moins d'États auraient les moyens de fournir une éducation et des soins de
santé gratuits ou à faible coût sans creuser davantage le déficit budgétaire et
donc recourir à l'endettement. C'est un cercle vicieux. Chaque nouveau
gouvernement, quelque soit sa couleur politique, essaie de se donner bonne
conscience, mais il n'est pas toujours facile de se remettre d'une crise
générale. Ce qui est peut-être marrant (ou peut-être que nous n'y pouvons
rien), c'est que beaucoup d'entre nous continuent de placer beaucoup d'espoir
dans nos gouvernements, dans l'État en général.
Nous avons cru à une certaine image de l'homme moderne. Le cinéma, les médias,
l'école, la famille, la société en général… tous ont contribué à l'image
éblouissante de l'homme ou de la femme qui réussit. D'une certaine manière,
cette image n'est pas entièrement nouvelle. Même dans les temps anciens, les
gens avaient une certaine image matérialiste de l'homme qui réussit. Le Coran
relate l'histoire de « Coré [Karoun] » qui « était du peuple de Moïse » (28.76)
: « (…) ll sortit à son peuple dans tout son apparat. Ceux qui désiraient la
vie du monde dirent : Si seulement nous avions comme ce qui a été donné à Coré.
Il a été doté, certes, d'une immense fortune. (...) » (28.79) Ce qui est
nouveau, c'est que cette image a été popularisée (on dirait même galvaudée) au
point que presque tout le monde croit qu'il peut être cette personne qui
réussit. À l'école, on nous a appris « Si vous travaillez dur, vous réussirez
». Dans mon pays, par exemple, de nombreuses familles à faible revenu (classe
moyenne inférieure, si vous voulez) dépensent jusqu'à la moitié de leur revenu
sur l'éducation de leurs enfants, en mettant un accent particulier sur les
matières scientifiques, parce que tout le monde croit que son enfant peut être
médecin ou ingénieur. Ce qui est curieux, c'est que la littérature, la
philosophie, l'histoire, la géographie… sont toutes devenues taboues pour de
très nombreux parents, mais pas toujours pour leurs enfants. De plus en plus de
jeunes marocains s'intéressent autant aux sciences qu'aux matières non
scientifiques. Ils parlent maintenant mieux les langues que moi et parlent de
beaucoup de sujets mieux que moi.
Ces choses insignifiantes que je viens de dire sur la façon dont les gens
vivaient il y a un siècle et comment nous sommes aujourd'hui sont devenues
terriblement importantes pour beaucoup de gens maintenant. Beaucoup de gens ont
découvert que les calculs de la vie ne sont pas comme les calculs
mathématiques. Ils ont découvert que l'État n'est pas le gouvernement et que
les capacités financières de l'État sous un gouvernement peuvent prendre fin
sous le suivant. La pression sur le gouvernement ne fonctionne donc pas
toujours.
Maintenant, que dit l'Islam à propos de tout cela ? Eh bien, lorsque l'État
musulman, sous le calife Umar, par exemple, avait les moyens, la plupart des
hommes, sinon tous les hommes musulmans, recevaient un certain revenu de
l'État. Et pourtant, Omar Ibn Al-Khattab a dit un jour : « Aucun d'entre vous
ne devrait s'abstenir de gagner sa vie et dire : « Ô Allah, accorde-moi la
subsistance » alors qu'il sait que le ciel ne fera pas pleuvoir d'or et
d'argent. » L'État est censé m'aider quand il peut se le permettre. Et quand
l'État ne peut pas se le permettre, que dois-je faire ? Quand la pression sur
le gouvernement ne marche pas, que dois-je faire ? Je cède au pessimisme ? Je
perds espoir? Je cesse de rêver ? Eh bien, c'est la pire chose qu'un bon
musulman puisse faire.
Mais il y a aussi d'autres questions importantes. Qu’est-ce que je veux ?
Est-ce que je veux juste mener une vie décente ou vivre une vie meilleure que
les autres ? Quel salaire accepterais-je ? Quel style de vie est-ce que je veux
?
Qu'en est-il des gens qui n'ont rien, pas d'argent, pas de compétences ? Ils
sont malheureusement laissés sur le côté. Cela donne l'impression de vivre dans
un monde fortement influencé par les nantis. Mais la vérité est toute autre,
cependant. Le monde a toujours appartenu et appartiendra toujours à Celui qui
l'a créé, à Allah. D'aucuns s'accordent à dire qu'ici, au Maroc, l'activité
économique dépend fortement de la pluviométrie. Mais lorsqu'il pleut peu ou pas
du tout au bon moment, des prières rogatoires sont accomplies dans toutes les
mosquées du royaume. Quand la sécheresse déforme les paysages et brûle les
derniers herbages et amenuise les derniers fourrages et assèche les plus grands
barrages, on commence à croiser les doigts, à lever les yeux timidement au
ciel. Cela veut dire que votre sort, le mien et le sort de tout un chacun ne
dépendent point des propriétaires, des actionnaires (ou du gouvernement, soit
dit en passant) et qu'Allah Seul est le Seigneur du monde. Normalement, nous
sommes censés penser à Allah dans tous les cas. Allah dit : « Toute âme doit
goûter à la mort, et Nous vous éprouvons par le mal et par le bien, pour vous
tester. » (21.35) Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que vous et moi
devons penser à Allah et ne pas L'oublier : quand nous avons faim, quand nous
avons quelque chose à manger et à boire, quand nous sommes nus et quand nous
avons quelque chose à mettre sur le dos. En tant que croyant, je dois me
souvenir d'Allah quand je suis fatigué et quand je vais au lit, etc., etc. Je
dois penser à Allah en guise de gratitude, quelle que soit ma forme. Pourquoi ?
Eh bien, c'est parce qu'Allah a dit : « Souvenez-vous donc de Moi, Je me
souviendrai de vous. Remerciez- Moi et ne soyez pas ingrats envers Moi. »
(2.152) « Ceux qui se souviennent d'Allah, debout, assis et couchés, et
considèrent la création des cieux et de la terre, (et disent) : Notre Seigneur
! Tu n'as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! » (3.191) Si je crois vraiment
qu'Allah est le Seigneur du monde, je dois penser à Lui avant de penser à
quiconque d'autre. Je dois penser à Lui quand je prends mes décisions
concernant mon travail, mon lieu de travail, le salaire que je dois accepter,
etc.,
Pour certains, le problème qui est à la base de tous nos problèmes (la racine
du mal, si vous voulez) n'est pas tant l'économie, mais plutôt le manque de
justice sociale, c'est la répartition inéquitable des richesses, ce sont les
paradis fiscaux, c'est la corruption. Justement, si tout le monde ne pense qu'à
l'argent, pourquoi Allah devrait-Il penser à nous ? Pourquoi devrait-Il veiller
à ce que nous ayons les bons dirigeants ? Allah nous avertit dans le Coran : «
Ô vous qui croyez ! Observez votre devoir envers Allah. Et que chaque âme voit
bien ce qu'elle a avancé avant pour demain. Et observez votre devoir envers
Allah. Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah, pour cela Il leur a
fait oublier leurs âmes. Tels sont les méchants. » (59.18-19) « Les hypocrites,
hommes et femmes, procèdent les uns des autres. Ils prônent le mal et
interdisent le bien, et ils retiennent leurs mains (de dépenser pour la cause
d'Allah). Ils ont oublié Allah, ainsi il les a oubliés. Les hypocrites, ce sont
eux les transgresseurs. » (9.67)
Tout le monde veut être moderne, quoi que cela signifie, et ce genre de pensée
(théologique) ne rime peut-être pas avec modernité, n'est pas au goût du jour.
Le compagnon Abou Bakr Assidiq a dit : « Nous ne mangeons que si nous avons
faim, et quand nous mangeons, nous ne mangeons pas à notre faim. » Qui applique
cela dans sa vie, en fait ? Moi? Pas du tout ! Moi aussi je suis loin d'être
vacciné. J'ai grandi comme tout le monde : dans les mêmes écoles, dans les
mêmes quartiers, dans le même courant de pensée. Mais je sais que certaines
personnes ont bien vécu de très, très peu. Ces gens étaient privés de tout sauf
de leur foi, et pourtant ils jouissaient de leur vie. Ces gens ont aimé Allah
parce qu'ils ont vu dans ce monde (plein de contradictions, plein d'inégalités,
plein de souffrance, plein de tout ce que vous voulez) - (malgré tout) ils ont
vu une beauté sublime à l'intérieur et à l'extérieur d'eux-mêmes. Ils aimaient
voir de l'or sans vouloir en amasser, tout comme ils ont aimé voir la lune ou
le coucher du soleil sans vouloir posséder la lune ou le soleil. Ils ont aimé
Allah pour l'émerveillement qu'Il a créée en eux. Pourtant, pour beaucoup
d'entre eux, ils n'ont renoncé qu'à ce qui ne leur était pas si essentiel. Eux
aussi mangeaient et buvaient, eux aussi se mariaient et avaient des enfants,
eux aussi avaient leurs habitations. Seulement ils n'étaient pas obsédés par le
désir de tout avoir. Certains avaient les portes de la vie du monde grandes
ouvertes après leur renoncement. Ils avaient le choix de renoncer à tout confort
dans la mesure du possible ou de profiter pleinement des plaisirs de la vie.
L'Islam ne vous interdit pas de vivre dans un palais ou dans une luxueuse
villa. Mais ce palais ou tout autre bien doit rester dans la main et non dans
le cœur. C'est Allah et Allah Seul qui doit être dans le cœur. C'est la
différence entre un croyant et un non-croyant. Si vous vivez dans une hutte,
vous verrez la beauté et la bonté d'Allah dans cette hutte. (Pensez simplement
aux sans-abri.) Si vous vivez dans une villa luxueuse, vous verrez la grâce
d'Allah dans tous ses coins et recoins, dans toutes les roses du petit jardin.
Vous exprimerez votre amour pour Allah que vous soyez dans la hutte ou dans le
palais. C'est le même Coran que vous y lirez. C'est la même prière que vous
accomplissez là-dedans. Cet amour implique une responsabilité de notre part.
Nous nous devons de faire ce pour quoi Allah nous a créés. Je vous parle ici
comme je me parle à moi-même. Si Allah voulait que je joue un rôle particulier
dans un endroit particulier à un moment particulier, je devrais m'efforcer de
jouer ce rôle de la meilleure façon possible. Il peut y avoir d'autres
personnes qui ont été choisies par Allah pour jouer des rôles similaires. Je
suis en compétition. Je ne devrais pas penser au prix avant la fin du concours.
Allah dit: « Pour cela, que (tous) ceux qui luttent pour le bonheur concourent.
» (83.26) Si j'étais médecin, compterais-je le nombre de patients guéris grâce
à mes soins ou compterais-je plutôt mon argent ? Si j'étais enseignant, est-ce
que je compterais combien de mes anciens élèves sont ont réussi leurs vies, ou
est-ce que je compterais mes biens ? Si j'étais avocat, est-ce que je
compterais combien de personnes ont été sauvées grâce à mes efforts, ou est-ce
que je compterais mes honoraires ? Si j'étais un écrivain à succès, est-ce que
je compterais combien de personnes ont trouvé mon oeuvre utile ou est-ce que je
compterais mes royalties ? Allah ne choisit pas uniquement les croyants pour
jouer de tels rôles. Il dit: « Et avec Lui sont les clefs de l'Invisible. Nul
autre que Lui ne les connaît. Et Il sait ce qui est dans la terre et dans la
mer. Pas une feuille ne tombe sans qu'Il ne le sache, pas un grain dans les
ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit noté dans un dossier
clair. » (6.59) « Allah ! Avec Lui est la connaissance de l'Heure. Il fait
descendre la pluie et connaît ce qui est dans les utérus. Aucune âme ne sait ce
qu'elle gagnera demain, et aucune âme ne sait dans quelle terre elle mourra. Allah
est Connaisseur, Connaisseur. » (31.34) Ce sont les DONNÉES d'Allah, comme
je l'ai dit. C'est ainsi qu'Allah gère Sa Création avec Son savoir et Sa
puissance, au Maroc, en Europe, en Amérique, en Afrique, partout. « Il est
Connaisseur, Puissant. » (42.50) Allah sait combien d'enseignants, de
médecins, d'ingénieurs, d'épiciers, de coiffeurs, d'infirmiers, de policiers,
de pilotes, d'informaticiens, de balayeurs… sont nécessaires pour servir Ses
serviteurs. « Et ton Seigneur est le Très-Généreux, Celui qui enseigne par la
plume, Enseigne à l'homme ce qu'il ne savait pas. » (96.3-5) « Allah vous a
sortis des ventres de vos mères ne sachant rien, et Il vous a donné l’ouïe, la
vue, et les cerveaux, afin que vous que vous rendiez grâces. » (16.78) Cela
fait partie du Dessein d'Allah quand Il a voulu que l'univers entier soit au
service de l'homme. Allah dit : « Ne sais-tu pas qu'Allah connaît tout ce qui
est dans les cieux et sur la terre ? Tout ceci est dans un Livre, et cela est
bien facile pour Allah. » (22.70) « Est-ce eux qui répartissent la miséricorde
de ton Seigneur ? C'est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans
la vie présente et qui les avons élevés en grades les uns sur les autres, afin
que les uns prennent les autres à leur service. La miséricorde de ton Seigneur
vaut mieux, cependant, que ce qu'ils amassent. » (43.32) « Nous vous avons
établis sur terre, et nous vous y avons pourvus des moyens de subsistance.
(Mais) vous êtes très peu reconnaissants ! » (7.10) « Et nous vous y avons donné
des moyens de subsistance, ainsi qu'à ceux pour lesquels vous ne pourvoyez pas.
» (15.20) Différents emplois et métiers, différentes occupations - dans le
passé, dans le présent et dans l'avenir. « Votre effort est dispersé (vers des
fins diverses). » (92.4) Allah connaît le rythme auquel chaque communauté,
chaque nation, chaque État se développe ; Allah est au courant de chaque
nouvelle découverte, de chaque nouvelle invention, de chaque développement de
l'Histoire. Tout cela parce qu'Allah veut se faire connaître de toute
l'humanité. Il dit à qui veut l'entendre : « Des messagers pour délivrer la
bonne nouvelle, ainsi que des avertissements, afin que l'humanité n'ait aucun
argument contre Allah après les messagers. Allah a toujours été Puissant, Sage.
» (4.165) Déjà Allah est connu et adoré dans toutes les parties du globe. Il
sera adoré de plus en plus sur terre, sur les continents, sur les îles, sur
mer, en route dans le ciel, partout, nuit et jour. Cet outil merveilleux qu'est
l'Internet, est un don d'Allah à l'humanité, c'est un outil pour que l'humanité
connaisse davantage Allah ; c'est un outil pour les croyants pour exprimer leur
gratitude à Allah. « Souvenez-vous d'Allah, car Il vous a enseigné ce que
vous ne saviez pas. » (2.239) Allah a partagé une partie de Son savoir
avec nous ; ceux d'entre nous qui ont des connaissances doivent les partager
avec leurs semblables. Et pourtant, pour Allah, ce qui compte c'est pas le
nombre de milliardaires ou de nouveaux millionnaires qui gagneront de l'argent
grâce à ce processus, mais plutôt ceux et celles qui s'approchent davantage de
Lui.
Comme je l'ai dit plus tôt, ce que vous apprenez à 50 ans n'est pas ce que vous
apprenez à 20 ans. La sagesse vient avec le temps. La sagesse signifie
connaître ses atouts et ses limites. La sagesse signifie qu'il ne faut pas
blâmer les autres pour ses malheurs. S'il y a une crise économique ou des
troubles sociaux, même s'ils étaient voulus par Allah, chacun devrait d'abord
examiner son propre comportement. Allah dit: « C'est parce qu'Allah ne change
jamais la grâce qu'Il a accordée à aucun peuple jusqu'à ce qu'ils changent
d'abord ce qui est dans leur cœur, et (c'est) parce qu'Allah est l'Audient,
l'Omniscient. » (8.53) La responsabilité de tous nos problèmes nous incombe en
fin de compte. On oublie, par exemple, que les accidents de la route sont la
première cause de mortalité dans de nombreux pays. Allah dit : « Tout mal qui
vous arrive est une conséquence de vos propres actes. Et Il pardonne beaucoup.
» (42.30) « Tout bien qui t'arrive (ô homme) vient d'Allah, et tout mal qui
t'arrive vient de toi-même. » (4.79) « Et tout ce dont vous jouissez, cela
vient d'Allah. Alors, quand le malheur vous atteint, vers Lui vous implorez de
l'aide. Et ensuite, quand Il vous a débarrassé du malheur, certains d’entre
vous attribuent des associés à leur Seigneur. » (16.53-54) « La corruption est
apparue sur terre et sur mer à cause (du mal) que les mains des hommes ont
fait, afin qu'Il leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont fait ; peut-être
reviendront-ils (vers Allah). » (30.41) Par exemple, si la monnaie dégringole,
cela, disent les économistes, a à voir avec la balance commerciale ; quand nos
importations dépassent en volume ou en valeur nos exportations il y a déficit
du commerce extérieur. Les réserves en devises chutent. Les prix s'envolent. Et
quand on n'a pas d'autre choix que d'importer, on n'a pas d'autre choix que de
subir l'inflation de plein fouet. Importer des énergies (fossiles ou autres),
OK, importer des machines, OK, mais pourquoi toutes ces autres importations ?
Sont-elles toutes utiles, sont-elles toutes indispensables ? N'est-ce pas notre
mode de vie qui influence notre balance commerciale et donc notre argent et
notre pouvoir d'achat ? Il est facile de dire qu'il faut mettre un terme à
certaines pratiques qui ne font qu'entretenir un sentiment de développement
superflu. Mais qui commencera à réparer les dégâts ? Si on nous dit que chaque
année des milliers de personnes rejoignent les rangs des chômeurs, ou que la
plupart des emplois sont précaires, qui en est responsable ? Qui sont ces gens
qui optent pour la robotisation, l'ubérisation, l'offshoring... ? Ne font-ils
pas partie de notre société ? Les multinationales, qui les gèrent localement ?
Beaucoup de gens souffrent tellement que tout le monde a tendance à penser que
c’est toujours la faute des autres. Je dis juste qu'il faut peut-être commencer
par balayer devant sa propre porte. La sagesse m'enseigne qu'il ne faut pas
compliquer les choses. Même quand je veux passer de l'Islam à l'Iman, et
de l'Iman à l'Ihsan, je dois procéder doucement et
graduellement. L'homme le plus sage, le meilleur croyant, à part les prophètes,
est susceptible de commettre des erreurs. L'homme est faillible. Il suffit de
se sentir désolé et de s'excuser chaque fois qu'il faillit. On peut très bien
profiter de la vie dans les limites prescrites par le Coran. Allah dit : « Ô
vous qui croyez ! N'interdisez pas les bonnes choses qu'Allah vous a rendues
licites et ne transgressez pas, Allah n'aime pas les transgresseurs. » (5.87)
Pourquoi passerais-je mon temps à pleurer et à soupirer sauf quand il s'agit de
repentir ? Les oulémas, qui ont compris la Foi, disent : (1) Conjurer le mal
prime sur apporter des bienfaits. Ils disent aussi : (2) Les nécessités
permettent les interdictions (ou la nécessité supprime les restrictions). (3)
Ce sans quoi un devoir obligatoire ne peut être accompli est obligatoire. Ce
sont (certaines des) règles générales. Si je suis de bonne foi, je
n'enfreindrai pas ces règles. Je ferai de mon mieux pour au moins respecter
l'esprit du Coran. En tout cas, seul Allah sait ce qu'il y a dans mon cœur et
Allah seul me jugera. La sagesse dit aussi que je ne devrais pas trop élever le
niveau de mes exigences de foi car je ne peux jamais savoir ce que l'avenir me
réserve. Il vaudrait mieux que j'avance doucement que de souffrir en moi-même
de ce que je ne suis pas tout à fait capable de supporter