samedi 29 mars 2025

Réalisme

 

Au Hajj, les gens venus du monde entier se retrouvent au même endroit, font à peu près les mêmes choses et rentrent chacun chez soi. De retour à la maison, chacun suit ses propres coutumes. A quoi servent ces coutumes ? Elles vous disent, en somme, comment bien se comporter en société. C'est ce que fait le Coran. Si je suis croyant, le Coran me dit comment bien me comporter quand je suis seul et quand je suis en société. Je ne suis jamais seul, en fait. Je suis physiquement seul, mais mon âme est censée être connectée au Créateur. Il y a aussi deux anges et un camarade (un djinn) avec moi. Ayant cela à l'esprit, le Coran m'aide à gérer toutes mes relations : avec moi-même d'abord, avec mes proches, avec ma communauté, avec mon état, avec le pays dans lequel je vis, avec la Oummah (la nation islamique), avec l'humanité, avec Allah et avec Satan. Dans ma relation avec moi-même, par exemple, j’apprends comment préserver ma vie, mon argent, mon esprit, ma foi et mon honneur. J’apprends également comment gérer mon rapport à la beauté et à la grandeur, comment transformer ma fragilité (mes instincts, etc.) en une force morale qui préserve mon honneur et mon estime de moi, et comment m'élever d'un animal (un corps) à un être humain décent (une bonne âme dans un bon corps).


La société marocaine n'est pas la société américaine, ni la société russe, ni la société chinoise. Mais en tant qu'êtres humains, nous avons beaucoup de choses en commun. Nous pouvons vivre le chômage, par exemple, de différentes manières. Mais les émotions de base d'un chômeur restent plus ou moins les mêmes. Lorsque vous ne parvenez pas à trouver un emploi, très souvent, les gens vous traitent mal. Vous pourriez être surpris de voir des amis ou des membres de votre famille vous tourner le dos. Cela a à voir avec la santé mentale. Nous avons tous besoin d'une bonne santé mentale, et la foi aide beaucoup à cela.


Les rêves sont une source inépuisable d'inspiration. Mais les rêves ne se valent pas. Il y a des rêves qui peuvent être réalisés et d’autres qui ne se réaliseront jamais. En tant que croyant, je dois être réaliste. Je devrais prendre en compte toutes « les données », comme je l'ai dit auparavant. L’âge de 50 ans n'est pas comme 20 ans. Une personne mariée n'est pas comme une personne célibataire. Un enfant unique vivant dans une villa de banlieue n'est pas comme un jeune garçon vivant avec son frère ou sa sœur dans une petite chambre d'un petit appartement dans un quartier défavorisé. Être un enfant de parents religieux bien éduqués n'est pas comme être un enfant de parents analphabètes qui ne s'intéressent qu'à l'argent. Vivre dans un pays où la sécurité sociale et les soins de santé sont monnaie courante n'est pas comme vivre dans un pays où la sécurité sociale et les soins de santé sont un luxe. Si personnellement je peux me débrouiller avec aussi peu que 60 dollars par mois, une autre personne aurait besoin d'au moins 500 dollars par mois. Si personnellement je peux trouver quelqu'un pour me nourrir quand je perds mon emploi, une autre personne ne trouvera peut-être personne pour lui donner une miche de pain. Mes propres difficultés peuvent être très, très dures - pour moi -, mais elles peuvent n'être rien du tout comparées aux difficultés d'une autre personne. C'est pourquoi l'islam appelle à l'humilité. Le Coran dit : « Et ne marche pas sur terre avec arrogance. Tu ne peux pas percer la terre, et tu ne peux pas non plus être aussi grand que les montagnes. » (17.37) Si j'ai des yeux, je devrais penser à celui qui n'en a pas. Si j'ai des jambes, je devrais penser à celui qui n'en a pas. Si je vis dans un logement suroccupé, infesté de punaises, au milieu de drogués et de délinquants, dans une grande capitale ou dans un petit village, je devrais penser à celui qui dort à même le sol dans la rue. Si je suis marié, je devrais penser à quelqu'un qui n'a pas les moyens de se marier. C'est ainsi que je ressentirai comment Allah m'a comblé « de Ses bienfaits apparents et cachés. » (31.20) Allah me dit : « Et sois bon comme Allah a été bon envers toi, et ne cherche pas la corruption sur la terre ! Allah n'aime pas les corrupteurs. » (28.77) En d'autres termes, je devrais penser à donner avant de penser à recevoir. Il n'en faut pas beaucoup pour être un bienfaiteur : je peux donner aussi peu qu'un sourire ou un mot gentil. C'est l'islam tel que je le perçois. Mieux vaut penser à donner, ne serait-ce que de simples pensées pieuses, que de s’enfermer dans le piège de la victimisation. Et c’est la remède à beaucoup de nos problèmes psychologiques.


Il y a un siècle de cela, les jeunes dans de nombreuses régions du monde vivaient avec leurs parents jusqu'à leur mariage. La plupart des gens, même les analphabètes, avaient leur propre maison. Il y avait beaucoup de travail pour tout le monde. Les jeunes pouvaient aller à l'école et ainsi vivre une vie meilleure que celle de leurs parents. Les destructions massives causées par la guerre ont donné à lieu à une reconstruction massive et l'exode massif vers les villes des pays colonisés a augmenté le nombre et la taille des villes partout dans le monde. De nouveaux emplois et métiers ont été créés, de nouvelles formations, de nouveaux modes de vie. Tout le monde voulait être « moderne ». Chaque pays a connu son propre essor économique. Et puis chaque pays a eu sa crise économique. Le chômage, un concept relativement nouveau, est devenu un problème. Les crises économiques sont devenues cycliques. Les employeurs sont devenus de plus en plus exigeants. L'éducation devenait de plus en plus chère. Les masses (malchanceuses) augmentaient (en nombre) plus rapidement que les quelques chanceux. Les jeunes ont dû contracter des emprunts à long terme pour financer leur logement ou leurs études. Les nouvelles générations ont été invitées à travailler plus dur dans l'espoir d'obtenir la moitié de ce que leurs parents ou grands-parents analphabètes avaient réussi à avoir. Résultat de tout cela : la France, pays riche, est désormais considérée comme la quatrième nation la plus pessimiste au monde. La vérité est que le pessimisme est partout. Les analystes nous disent que la crise est systémique, le problème vient du Système. Il y a des pays riches qui ne pourront jamais rembourser leurs dettes. De moins en moins de pays pourront contrôler leurs déficits budgétaires voire leur monnaie. Le chômage est désormais une maladie chronique dans de nombreux pays. Il peut descendre à 3% et puis - hop - il remonte à 10%. La robotisation et l'Ubérisation sont un grand défi. Beaucoup d'investisseurs d'aujourd'hui préféreraient placer leur argent dans des banques ou des bourses plutôt que de parier sur des industries consommatrices de main-d'œuvre ou des projets agricoles. Et pourtant, c'est le citoyen individuel qui serait blâmé s'il ne trouvait pas d'emploi. Peu de blâme serait porté à la porte des entreprises en faillite ou même du gouvernement. En théorie, l'État est au service du citoyen, mais de plus en plus c'est le citoyen qui sert davantage l'État. Aujourd'hui, dans de nombreux pays, de nombreuses personnes paient des impôts et, en plus, elles paient pour l'éducation de leurs enfants, les soins de santé, etc. Mais que peut faire l'État - dans de nombreux cas ? De moins en moins d'États auraient les moyens de fournir une éducation et des soins de santé gratuits ou à faible coût sans creuser davantage le déficit budgétaire et donc recourir à l'endettement. C'est un cercle vicieux. Chaque nouveau gouvernement, quelque soit sa couleur politique, essaie de se donner bonne conscience, mais il n'est pas toujours facile de se remettre d'une crise générale. Ce qui est peut-être marrant (ou peut-être que nous n'y pouvons rien), c'est que beaucoup d'entre nous continuent de placer beaucoup d'espoir dans nos gouvernements, dans l'État en général.


Nous avons cru à une certaine image de l'homme moderne. Le cinéma, les médias, l'école, la famille, la société en général… tous ont contribué à l'image éblouissante de l'homme ou de la femme qui réussit. D'une certaine manière, cette image n'est pas entièrement nouvelle. Même dans les temps anciens, les gens avaient une certaine image matérialiste de l'homme qui réussit. Le Coran relate l'histoire de « Coré [Karoun] » qui « était du peuple de Moïse » (28.76) : « (…) ll sortit à son peuple dans tout son apparat. Ceux qui désiraient la vie du monde dirent : Si seulement nous avions comme ce qui a été donné à Coré. Il a été doté, certes, d'une immense fortune. (...) » (28.79) Ce qui est nouveau, c'est que cette image a été popularisée (on dirait même galvaudée) au point que presque tout le monde croit qu'il peut être cette personne qui réussit. À l'école, on nous a appris « Si vous travaillez dur, vous réussirez ». Dans mon pays, par exemple, de nombreuses familles à faible revenu (classe moyenne inférieure, si vous voulez) dépensent jusqu'à la moitié de leur revenu sur l'éducation de leurs enfants, en mettant un accent particulier sur les matières scientifiques, parce que tout le monde croit que son enfant peut être médecin ou ingénieur. Ce qui est curieux, c'est que la littérature, la philosophie, l'histoire, la géographie… sont toutes devenues taboues pour de très nombreux parents, mais pas toujours pour leurs enfants. De plus en plus de jeunes marocains s'intéressent autant aux sciences qu'aux matières non scientifiques. Ils parlent maintenant mieux les langues que moi et parlent de beaucoup de sujets mieux que moi.


Ces choses insignifiantes que je viens de dire sur la façon dont les gens vivaient il y a un siècle et comment nous sommes aujourd'hui sont devenues terriblement importantes pour beaucoup de gens maintenant. Beaucoup de gens ont découvert que les calculs de la vie ne sont pas comme les calculs mathématiques. Ils ont découvert que l'État n'est pas le gouvernement et que les capacités financières de l'État sous un gouvernement peuvent prendre fin sous le suivant. La pression sur le gouvernement ne fonctionne donc pas toujours.


Maintenant, que dit l'Islam à propos de tout cela ? Eh bien, lorsque l'État musulman, sous le calife Umar, par exemple, avait les moyens, la plupart des hommes, sinon tous les hommes musulmans, recevaient un certain revenu de l'État. Et pourtant, Omar Ibn Al-Khattab a dit un jour : « Aucun d'entre vous ne devrait s'abstenir de gagner sa vie et dire : « Ô Allah, accorde-moi la subsistance » alors qu'il sait que le ciel ne fera pas pleuvoir d'or et d'argent. » L'État est censé m'aider quand il peut se le permettre. Et quand l'État ne peut pas se le permettre, que dois-je faire ? Quand la pression sur le gouvernement ne marche pas, que dois-je faire ? Je cède au pessimisme ? Je perds espoir? Je cesse de rêver ? Eh bien, c'est la pire chose qu'un bon musulman puisse faire.


Mais il y a aussi d'autres questions importantes. Qu’est-ce que je veux ? Est-ce que je veux juste mener une vie décente ou vivre une vie meilleure que les autres ? Quel salaire accepterais-je ? Quel style de vie est-ce que je veux ?


Qu'en est-il des gens qui n'ont rien, pas d'argent, pas de compétences ? Ils sont malheureusement laissés sur le côté. Cela donne l'impression de vivre dans un monde fortement influencé par les nantis. Mais la vérité est toute autre, cependant. Le monde a toujours appartenu et appartiendra toujours à Celui qui l'a créé, à Allah. D'aucuns s'accordent à dire qu'ici, au Maroc, l'activité économique dépend fortement de la pluviométrie. Mais lorsqu'il pleut peu ou pas du tout au bon moment, des prières rogatoires sont accomplies dans toutes les mosquées du royaume. Quand la sécheresse déforme les paysages et brûle les derniers herbages et amenuise les derniers fourrages et assèche les plus grands barrages, on commence à croiser les doigts, à lever les yeux timidement au ciel. Cela veut dire que votre sort, le mien et le sort de tout un chacun ne dépendent point des propriétaires, des actionnaires (ou du gouvernement, soit dit en passant) et qu'Allah Seul est le Seigneur du monde. Normalement, nous sommes censés penser à Allah dans tous les cas. Allah dit : « Toute âme doit goûter à la mort, et Nous vous éprouvons par le mal et par le bien, pour vous tester. » (21.35) Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que vous et moi devons penser à Allah et ne pas L'oublier : quand nous avons faim, quand nous avons quelque chose à manger et à boire, quand nous sommes nus et quand nous avons quelque chose à mettre sur le dos. En tant que croyant, je dois me souvenir d'Allah quand je suis fatigué et quand je vais au lit, etc., etc. Je dois penser à Allah en guise de gratitude, quelle que soit ma forme. Pourquoi ? Eh bien, c'est parce qu'Allah a dit : « Souvenez-vous donc de Moi, Je me souviendrai de vous. Remerciez- Moi et ne soyez pas ingrats envers Moi. » (2.152) « Ceux qui se souviennent d'Allah, debout, assis et couchés, et considèrent la création des cieux et de la terre, (et disent) : Notre Seigneur ! Tu n'as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! » (3.191) Si je crois vraiment qu'Allah est le Seigneur du monde, je dois penser à Lui avant de penser à quiconque d'autre. Je dois penser à Lui quand je prends mes décisions concernant mon travail, mon lieu de travail, le salaire que je dois accepter, etc.,


Pour certains, le problème qui est à la base de tous nos problèmes (la racine du mal, si vous voulez) n'est pas tant l'économie, mais plutôt le manque de justice sociale, c'est la répartition inéquitable des richesses, ce sont les paradis fiscaux, c'est la corruption. Justement, si tout le monde ne pense qu'à l'argent, pourquoi Allah devrait-Il penser à nous ? Pourquoi devrait-Il veiller à ce que nous ayons les bons dirigeants ? Allah nous avertit dans le Coran : « Ô vous qui croyez ! Observez votre devoir envers Allah. Et que chaque âme voit bien ce qu'elle a avancé avant pour demain. Et observez votre devoir envers Allah. Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah, pour cela Il leur a fait oublier leurs âmes. Tels sont les méchants. » (59.18-19) « Les hypocrites, hommes et femmes, procèdent les uns des autres. Ils prônent le mal et interdisent le bien, et ils retiennent leurs mains (de dépenser pour la cause d'Allah). Ils ont oublié Allah, ainsi il les a oubliés. Les hypocrites, ce sont eux les transgresseurs. » (9.67)


Tout le monde veut être moderne, quoi que cela signifie, et ce genre de pensée (théologique) ne rime peut-être pas avec modernité, n'est pas au goût du jour. Le compagnon Abou Bakr Assidiq a dit : « Nous ne mangeons que si nous avons faim, et quand nous mangeons, nous ne mangeons pas à notre faim. » Qui applique cela dans sa vie, en fait ? Moi? Pas du tout ! Moi aussi je suis loin d'être vacciné. J'ai grandi comme tout le monde : dans les mêmes écoles, dans les mêmes quartiers, dans le même courant de pensée. Mais je sais que certaines personnes ont bien vécu de très, très peu. Ces gens étaient privés de tout sauf de leur foi, et pourtant ils jouissaient de leur vie. Ces gens ont aimé Allah parce qu'ils ont vu dans ce monde (plein de contradictions, plein d'inégalités, plein de souffrance, plein de tout ce que vous voulez) - (malgré tout) ils ont vu une beauté sublime à l'intérieur et à l'extérieur d'eux-mêmes. Ils aimaient voir de l'or sans vouloir en amasser, tout comme ils ont aimé voir la lune ou le coucher du soleil sans vouloir posséder la lune ou le soleil. Ils ont aimé Allah pour l'émerveillement qu'Il a créée en eux. Pourtant, pour beaucoup d'entre eux, ils n'ont renoncé qu'à ce qui ne leur était pas si essentiel. Eux aussi mangeaient et buvaient, eux aussi se mariaient et avaient des enfants, eux aussi avaient leurs habitations. Seulement ils n'étaient pas obsédés par le désir de tout avoir. Certains avaient les portes de la vie du monde grandes ouvertes après leur renoncement. Ils avaient le choix de renoncer à tout confort dans la mesure du possible ou de profiter pleinement des plaisirs de la vie. L'Islam ne vous interdit pas de vivre dans un palais ou dans une luxueuse villa. Mais ce palais ou tout autre bien doit rester dans la main et non dans le cœur. C'est Allah et Allah Seul qui doit être dans le cœur. C'est la différence entre un croyant et un non-croyant. Si vous vivez dans une hutte, vous verrez la beauté et la bonté d'Allah dans cette hutte. (Pensez simplement aux sans-abri.) Si vous vivez dans une villa luxueuse, vous verrez la grâce d'Allah dans tous ses coins et recoins, dans toutes les roses du petit jardin. Vous exprimerez votre amour pour Allah que vous soyez dans la hutte ou dans le palais. C'est le même Coran que vous y lirez. C'est la même prière que vous accomplissez là-dedans. Cet amour implique une responsabilité de notre part. Nous nous devons de faire ce pour quoi Allah nous a créés. Je vous parle ici comme je me parle à moi-même. Si Allah voulait que je joue un rôle particulier dans un endroit particulier à un moment particulier, je devrais m'efforcer de jouer ce rôle de la meilleure façon possible. Il peut y avoir d'autres personnes qui ont été choisies par Allah pour jouer des rôles similaires. Je suis en compétition. Je ne devrais pas penser au prix avant la fin du concours. Allah dit: « Pour cela, que (tous) ceux qui luttent pour le bonheur concourent. » (83.26) Si j'étais médecin, compterais-je le nombre de patients guéris grâce à mes soins ou compterais-je plutôt mon argent ? Si j'étais enseignant, est-ce que je compterais combien de mes anciens élèves sont ont réussi leurs vies, ou est-ce que je compterais mes biens ? Si j'étais avocat, est-ce que je compterais combien de personnes ont été sauvées grâce à mes efforts, ou est-ce que je compterais mes honoraires ? Si j'étais un écrivain à succès, est-ce que je compterais combien de personnes ont trouvé mon oeuvre utile ou est-ce que je compterais mes royalties ? Allah ne choisit pas uniquement les croyants pour jouer de tels rôles. Il dit: « Et avec Lui sont les clefs de l'Invisible. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il sait ce qui est dans la terre et dans la mer. Pas une feuille ne tombe sans qu'Il ne le sache, pas un grain dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit noté dans un dossier clair. » (6.59) « Allah ! Avec Lui est la connaissance de l'Heure. Il fait descendre la pluie et connaît ce qui est dans les utérus. Aucune âme ne sait ce qu'elle gagnera demain, et aucune âme ne sait dans quelle terre elle mourra. Allah est Connaisseur, Connaisseur. » (31.34) Ce sont les DONNÉES d'Allah, comme je l'ai dit. C'est ainsi qu'Allah gère Sa Création avec Son savoir et Sa puissance, au Maroc, en Europe, en Amérique, en Afrique, partout. « Il est Connaisseur, Puissant. » (42.50) Allah sait combien d'enseignants, de médecins, d'ingénieurs, d'épiciers, de coiffeurs, d'infirmiers, de policiers, de pilotes, d'informaticiens, de balayeurs… sont nécessaires pour servir Ses serviteurs. « Et ton Seigneur est le Très-Généreux, Celui qui enseigne par la plume, Enseigne à l'homme ce qu'il ne savait pas. » (96.3-5) « Allah vous a sortis des ventres de vos mères ne sachant rien, et Il vous a donné l’ouïe, la vue, et les cerveaux, afin que vous que vous rendiez grâces. » (16.78) Cela fait partie du Dessein d'Allah quand Il a voulu que l'univers entier soit au service de l'homme. Allah dit : « Ne sais-tu pas qu'Allah connaît tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Tout ceci est dans un Livre, et cela est bien facile pour Allah. » (22.70) « Est-ce eux qui répartissent la miséricorde de ton Seigneur ? C'est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie présente et qui les avons élevés en grades les uns sur les autres, afin que les uns prennent les autres à leur service. La miséricorde de ton Seigneur vaut mieux, cependant, que ce qu'ils amassent. » (43.32) « Nous vous avons établis sur terre, et nous vous y avons pourvus des moyens de subsistance. (Mais) vous êtes très peu reconnaissants ! » (7.10) « Et nous vous y avons donné des moyens de subsistance, ainsi qu'à ceux pour lesquels vous ne pourvoyez pas. » (15.20) Différents emplois et métiers, différentes occupations - dans le passé, dans le présent et dans l'avenir. « Votre effort est dispersé (vers des fins diverses). » (92.4) Allah connaît le rythme auquel chaque communauté, chaque nation, chaque État se développe ; Allah est au courant de chaque nouvelle découverte, de chaque nouvelle invention, de chaque développement de l'Histoire. Tout cela parce qu'Allah veut se faire connaître de toute l'humanité. Il dit à qui veut l'entendre : « Des messagers pour délivrer la bonne nouvelle, ainsi que des avertissements, afin que l'humanité n'ait aucun argument contre Allah après les messagers. Allah a toujours été Puissant, Sage. » (4.165) Déjà Allah est connu et adoré dans toutes les parties du globe. Il sera adoré de plus en plus sur terre, sur les continents, sur les îles, sur mer, en route dans le ciel, partout, nuit et jour. Cet outil merveilleux qu'est l'Internet, est un don d'Allah à l'humanité, c'est un outil pour que l'humanité connaisse davantage Allah ; c'est un outil pour les croyants pour exprimer leur gratitude à Allah. « Souvenez-vous d'Allah, car Il vous a enseigné ce que vous ne saviez pas. » (2.239) Allah a partagé une partie de Son savoir avec nous ; ceux d'entre nous qui ont des connaissances doivent les partager avec leurs semblables. Et pourtant, pour Allah, ce qui compte c'est pas le nombre de milliardaires ou de nouveaux millionnaires qui gagneront de l'argent grâce à ce processus, mais plutôt ceux et celles qui s'approchent davantage de Lui.


Comme je l'ai dit plus tôt, ce que vous apprenez à 50 ans n'est pas ce que vous apprenez à 20 ans. La sagesse vient avec le temps. La sagesse signifie connaître ses atouts et ses limites. La sagesse signifie qu'il ne faut pas blâmer les autres pour ses malheurs. S'il y a une crise économique ou des troubles sociaux, même s'ils étaient voulus par Allah, chacun devrait d'abord examiner son propre comportement. Allah dit: « C'est parce qu'Allah ne change jamais la grâce qu'Il a accordée à aucun peuple jusqu'à ce qu'ils changent d'abord ce qui est dans leur cœur, et (c'est) parce qu'Allah est l'Audient, l'Omniscient. » (8.53) La responsabilité de tous nos problèmes nous incombe en fin de compte. On oublie, par exemple, que les accidents de la route sont la première cause de mortalité dans de nombreux pays. Allah dit : « Tout mal qui vous arrive est une conséquence de vos propres actes. Et Il pardonne beaucoup. » (42.30) « Tout bien qui t'arrive (ô homme) vient d'Allah, et tout mal qui t'arrive vient de toi-même. » (4.79) « Et tout ce dont vous jouissez, cela vient d'Allah. Alors, quand le malheur vous atteint, vers Lui vous implorez de l'aide. Et ensuite, quand Il vous a débarrassé du malheur, certains d’entre vous attribuent des associés à leur Seigneur. » (16.53-54) « La corruption est apparue sur terre et sur mer à cause (du mal) que les mains des hommes ont fait, afin qu'Il leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont fait ; peut-être reviendront-ils (vers Allah). » (30.41) Par exemple, si la monnaie dégringole, cela, disent les économistes, a à voir avec la balance commerciale ; quand nos importations dépassent en volume ou en valeur nos exportations il y a déficit du commerce extérieur. Les réserves en devises chutent. Les prix s'envolent. Et quand on n'a pas d'autre choix que d'importer, on n'a pas d'autre choix que de subir l'inflation de plein fouet. Importer des énergies (fossiles ou autres), OK, importer des machines, OK, mais pourquoi toutes ces autres importations ? Sont-elles toutes utiles, sont-elles toutes indispensables ? N'est-ce pas notre mode de vie qui influence notre balance commerciale et donc notre argent et notre pouvoir d'achat ? Il est facile de dire qu'il faut mettre un terme à certaines pratiques qui ne font qu'entretenir un sentiment de développement superflu. Mais qui commencera à réparer les dégâts ? Si on nous dit que chaque année des milliers de personnes rejoignent les rangs des chômeurs, ou que la plupart des emplois sont précaires, qui en est responsable ? Qui sont ces gens qui optent pour la robotisation, l'ubérisation, l'offshoring... ? Ne font-ils pas partie de notre société ? Les multinationales, qui les gèrent localement ?


Beaucoup de gens souffrent tellement que tout le monde a tendance à penser que c’est toujours la faute des autres. Je dis juste qu'il faut peut-être commencer par balayer devant sa propre porte. La sagesse m'enseigne qu'il ne faut pas compliquer les choses. Même quand je veux passer de l'Islam à l'Iman, et de l'Iman à l'Ihsan, je dois procéder doucement et graduellement. L'homme le plus sage, le meilleur croyant, à part les prophètes, est susceptible de commettre des erreurs. L'homme est faillible. Il suffit de se sentir désolé et de s'excuser chaque fois qu'il faillit. On peut très bien profiter de la vie dans les limites prescrites par le Coran. Allah dit : « Ô vous qui croyez ! N'interdisez pas les bonnes choses qu'Allah vous a rendues licites et ne transgressez pas, Allah n'aime pas les transgresseurs. » (5.87) Pourquoi passerais-je mon temps à pleurer et à soupirer sauf quand il s'agit de repentir ? Les oulémas, qui ont compris la Foi, disent : (1) Conjurer le mal prime sur apporter des bienfaits. Ils disent aussi : (2) Les nécessités permettent les interdictions (ou la nécessité supprime les restrictions). (3) Ce sans quoi un devoir obligatoire ne peut être accompli est obligatoire. Ce sont (certaines des) règles générales. Si je suis de bonne foi, je n'enfreindrai pas ces règles. Je ferai de mon mieux pour au moins respecter l'esprit du Coran. En tout cas, seul Allah sait ce qu'il y a dans mon cœur et Allah seul me jugera. La sagesse dit aussi que je ne devrais pas trop élever le niveau de mes exigences de foi car je ne peux jamais savoir ce que l'avenir me réserve. Il vaudrait mieux que j'avance doucement que de souffrir en moi-même de ce que je ne suis pas tout à fait capable de supporter